Une histoire d’Oiseaux : les vautours

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Dans ce nouvel épisode d’Une histoire d’Oiseaux, on s’intéresse à des oiseaux aussi fascinants que mystérieux et porteurs de légendes : les vautours !

Un peu de classification

On commence par un point un peu « barbare » mais néanmoins essentiel pour positionner les oiseaux les uns aux autres et comprendre leur appartenance à telle ou telle famille. Les vautours que l’ont peut observer en France, et plus généralement dans le paléarctique, font partie de la famille des Accipitridés.

Cette famille regroupe un bon nombre des rapaces diurnes les plus communs : buse, faucon, aigle, épervier…et vautours, soit des espèces particulièrement différentes en terme d’anatomie et de comportement. Elles ont néanmoins quelques points communs :

  • Un dimorphisme sexuel entre le mâle et la femelle, celle-ci étant souvent de taille plus imposante.
  • Les serres sont crochues et acérées afin de capturer et de tenir fermement une proie.
  • Le bec est recourbé pour déchirer la chair de la proie.
  • La vue est un sens particulièrement développée chez ces oiseaux, afin de localiser leur futur repas.
  • Leur face est nue, dépourvue de plumes. Cela est particulièrement visible chez le Vautour fauve et le Vautour moine. Il s’agit d’une caractéristique commune aux nécrophages qui n’hésitent pas à plonger la tête au cœur d’un cadavre afin d’en détacher les morceaux de chairs. Un plumage fourni au niveau de la tête serait alors difficile à nettoyer et ils y passeraient beaucoup de temps et d’énergie.

  • Qu’ils soient prédateurs, opportunistes ou nécrophages, ils se situent en bout de chaîne alimentaire.

Où voir des vautours ?

On observe les vautours aussi bien dans « l’Ancien Monde », autrement dit chez nous que dans le « Nouveau Monde », terme qui désigne le continent américain. Ces derniers ne font pas partie de la même famille que « nos » vautours, ils appartiennent à celle des Cathartidés, qui a longtemps été intégrée à celle des cigognes et apparentés (les Ciconiidés).

A table !

Voici très certainement la caractéristique la plus épatante des vautours par rapport à bien d’autres espèces : leur régime alimentaire. Les vautours sont exclusivement charognards et sont de formidables équarisseurs naturels dans un écosystème. Ils permettent une élimination naturelle des cadavres, en particulier ceux de grandes tailles et évitent la transmission de maladies. Leur estomac au pH extrêmement faible leur permet de neutraliser les bactéries et les virus présents dans les chairs en décomposition.

Fait étonnant : chaque espèce de vautour est plus ou moins spécialisée dans la consommation de telle ou telle partie d’un cadavre. Les différentes espèces de vautours observables en France, comme nous allons le voir ci-dessous, interviennent chacune à un moment différent. Elles sont parfaitement complémentaires et, par leurs actions communes, permettent l’élimination complète d’un cadavre en quelques heures.

Quelques vautours en France

Il est possible d’observer quatre espèces de vautours en France…mais pas toute l’année !

  • Le Percnoptère d’Egypte (ou Vautour percnoptère)

En effet, le Percnoptère d’Egypte est un rapace migrateur qui quitte nos contrées à partir du mois de septembre pour rejoindre l’Afrique subtropicale. C’est le seul des quatre à nous faire ainsi « faux bond ». C’est également le plus petit des quatre : 1,5 à 1,65m d’envergure et un poids moyen de 2kg.

Le contraste de ses ailes et de son corps le rend aisément identifiable, de même que la face jaune de sa tête chez l’adulte. Chez le juvénile, le plumage est sombre, de même que la tête.

Il aime les habitats rupestres et, lorsqu’il est de retour de migration aux alentours du mois de mars, il installe son aire dans les falaises abruptes et les vires rocheuses. Le Percnoptère d’Egypte se distingue par un comportement territorial et monogame, contrairement aux vautours fauve et moine qui nichent en colonies plus ou moins lâches.

Lors d’une curée, rassemblement d’espèces nécrophages autour d’un cadavre, les Percnoptères se contentent bien souvent des restes, de petits morceaux détachés par les plus grands vautours. Il est également capable d’aller se chercher de quoi se nourrir dans les décharges et autres dépôts d’ordures. Fait étonnant et démontrant les capacités d’adaptation de cette espèce : le Percnoptère est capable d’utiliser un caillou pour fendre la coquille d’un œuf dont il souhaite se délecter !

Une présentation du Percnoptère d’Egypte en une minute ? C’est juste ici :

Le saviez-vous ? Les vautours étaient vénérés à l’époque de l’Egypte ancienne, en particulier le Vautour percnoptère. Plusieurs déesses étaient ainsi représentées par des espèces de vautours, telle Nekhbet, déesse protectrice du pharaon et de l’Egypte, ou Mout, qui sait veiller sur les hommes et leur redonner la vie.

  • Le Vautour fauve

L’envergure du Vautour fauve est telle qu’elle en fait un rapace aisément reconnaissable. Faisant partie des plus grands oiseaux volants de l’avifaune paléarctique, il est difficile de le confondre avec un autre oiseau.

Très dépendant des courants d’air ascendants, on rencontre le Vautour fauve dans des zones escarpées d’où il peut s’envoler pour planer à la recherche de nourriture. Il s’installe ainsi au niveau de la zone basse des montagnes, non loin de larges vallées, de hauts-plateaux et de plaines. Il affectionne les corniches et les cavités dans les falaises rocheuses, présentant quelques accès dégagés pour les décollages et les atterrissages.

Lors d’une curée, les vautours fauves sont les premiers à intervenir : ils des “tireurs fouilleurs“ : ils entament le cadavre par les orifices naturels et se délectent des tissus mous. Ils affectionnent ainsi tout particulièrement les viscères, le foie, les poumons et les muscles. Sachant que ceux-ci occupent une grande partie du cadavre, cela explique que plus de 90% des vautours présents lors d’une curée soient des vautours fauves.

Le long cou déplumé du Vautour fauve lui permet de sonder la carcasse en se salissant le moins possible. Certains vautours ont cependant été observés entrant la totalité de leur corps dans la carcasse !

Envie de voir à quoi ressemble une curée ? La vidéo ci-dessous très éclairante sur le comportement des vautours fauves lors de ce temps important (c’est en effet l’un des rares moments où cet oiseau d’ordinaire plutôt silencieux se fait entendre) :

  • Le Vautour moine

Le Vautour moine, un rare oiseau à observer en France, sujet du dernier article du bird-blog d'une histoire de plumes

Si le Vautour moine est difficile à observer, c’est davantage pour la faiblesse de ses effectifs que par sa taille. En effet, avec une envergure proche des 3m, il est difficile de le rater en vol ! Il s’agit de l’un des plus grands rapaces diurnes d’Europe. Sa (très) large silhouette est aisément reconnaissable et le différencie de son compatriote, le Vautour fauve : ses ailes sont larges et rectangulaires et la queue est courte. Le plumage de son corps est sombre, le bec est fort, puissant, gris-bleu à la base et terminé de noir.

Lors de la curée, les vautours moines interviennent dans un second temps car ils se nourrissent de tissus coriaces, tels que le cartilage, la peau, les tendons voire des os de petite taille, que délaissent les vautours fauves.

Contrairement aux trois autres espèces, le Vautour moine est davantage arboricole que rupestre. Il construit son aire dans l’arbre d’une forêt de pente, dans des collines boisées. Les déboisements successifs sont d’ailleurs l’une des raisons qui expliquent le déclin d’une large partie de ses effectifs. Aujourd’hui, sa présence en France est concentrée dans trois massifs où l’espèce a été réintroduite précédemment : les Grands Causses, les Baronnies et le Verdon.

Il aura fallu pas moins de trois programmes pour restaurer des populations viables de vautours moine. Mais si la population française est aujourd’hui en lente croissance, sa situation reste précaire. Aussi, afin de consolider le rétablissement de la population, un nouveau plan national d’actions couvrant la période 2021-2030 a été engagé. L’enjeu majeur est désormais de réduire les risques de mortalité (l’électrocution et la collision avec des câbles électriques est le premier facteur de mortalité de cet oiseau à la large surface alaire) et d’améliorer le nombre de jeunes à l’envol en limitant les facteurs de dérangements.

Il y a trois semaines, l’équipe du Parc National des Pyrénées a eu l’occasion de capturer en images le vol d’un Vautour moine, seul vautour ne nichant pas au sein du site. Profitez-en, les images sont sublimes et illustrent parfaitement le vol de ce planeur hors-pair !

  • Le Gypaète barbu

Avec le Vautour moine, c’est l’un des plus grands rapaces d’Europe : jusqu’à 2,8m d’envergure ! Mais c’est l’ensemble de sa silhouette qui le rend extrêmement reconnaissable : des ailes longues et étroites, une queue cunéiforme, une tête proéminente et, ce qui lui donne son nom, une touffe de plumes au niveau de son bec. L’adulte présente un contraste caractéristique entre le corps et les ailes quand le juvénile est beaucoup plus sombre. Le contraste s’accentuera avec l’âge : il faudra 6 à 7 ans de mues successives avant d’obtenir le plumage adulte.

Le Gypaète est bien plus léger que ses « grands » confrères les vautours fauve et moine : seulement 5 à 6kg sur la balance contre 7 à 10kg ! Cet avantage « de poids » explique son allure plus virtuose en vol, bien moins lourde.

Lors de la curée, le Gypaète intervient en dernier, et pour cause : il est spécialisé dans la consommation d’os et de ligaments ! Afin de mieux s’en délecter, il laisse tomber sa trouvaille de plusieurs dizaines de mètres sur des rochers afin de la briser. Il possède un gosier capable d’engloutir des os de 25cm de long et atteignant 35mm de diamètre.

Pour voir et mieux comprendre ce comportement étonnant, rendez-vous dans la vidéo ci-dessous :

Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagramPinterest et LinkedIn

Sources et recommandations :

Une histoire de plumes

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