Une histoire d’Oiseaux: les Anatidés

Comprendre

Cette semaine, un nouveau numéro d' »Une histoire d’Oiseaux » qui sera consacré aux anatidés ! 

Un peu de classification

Et oui, ce n’est jamais la partie la plus simple mais si l’on veut bien comprendre, on est obligé d’en passer par là. (Pour un petit rappel sur la classification, rendez-vous dans notre premier numéro d' »Une histoire d’Oiseaux« )

Les Anatidés sont une famille, l’une des trois de l’Ordre des Ansériformes. Elle est de loin la plus importante en nombre puisqu’elle comporte 164 espèces, réparties en 5 sous-familles. Parmi elles :

  • Les Anserinés : les oies, les bernaches et les cygnes
  • Les Anatinés : tous les canards (canards de surface et plongeurs, canards marins, canards arboricoles)

C’est principalement à ces deux sous-familles que nous ferons référence dans cet article.

Quelques points communs…

Mis à part en Antarctique, les anatidés ont une large aire de répartition mondiale. Ce sont des oiseaux d’eau : ils sont toujours à proximité d’habitats aquatiques, même si ceux-ci peuvent différer selon les espèces.

Pour évoluer dans ces milieux, leur morphologie s’est particulièrement bien adaptée :

  • Des pattes palmées servant à ramer alternativement pour se déplacer sur l’eau. Le déplacement sur la terre ferme est en revanche plus laborieux…
  • Un plumage dense très isolant pour se prémunir du froid.
  • Une forme du corps large et stable : toute inclinaison sur un côté sera alors contrebalancée par le poids de l’oiseau, ce qui a pour effet de le ramener dans la position initiale.
  • Une troisième paupière, la membrane nictitante, qui se referme du coin intérieur de l’œil au coin extérieur. Tous les oiseaux en ont une, toutefois, chez les oiseaux plongeurs, elle est modifiée afin de leur permettre de voir sous l’eau.
  • Chez les mâles, un organe copulateur externe, enroulé en spirale et logé dans le cloaque, permettant au mâle de transmettre les spermatozoïdes à la femelle sans qu’ils soient perdus dans l’eau, ce qui serait le cas avec un simple contact entre cloaques.

Autre point commun : chez une immense majorité des anatidés, les mâles ne s’occupent pas des petits, seule la femelle s’en charge (Lire l’article « Les oiseaux sont-ils des papas-poules »). De plus, les petits sont nidifuges (Lire l’article « Piou piou, petit poussin »): ils naissent avec du duvet, sont très vite autonomes et quittent le nid rapidement après leur naissance.

Et beaucoup (beaucoup) de différences !

Quand une famille compte de nombreux membres, il faut évidemment s’attendre à ce qu’ils ait beaucoup de différences entre chacun. La famille des Anatidés n’échappe donc pas à la règle !

  • Les régimes alimentaires

Dans un premier temps, rappelons un fait important (on ne le répétera jamais assez): il n’y a pas de boulangerie en milieu naturel. En d’autres termes, les canards ne se nourrissent pas de baguette-tradition de façon naturelle. Nourririez-vous votre enfant de nuggets du matin au soir ? Non ! Peut-être qu’il adore ça mais cet aliment ultra-transformé n’a, naturellement, pas sa place dans le régime alimentaire de Sapiens Sapiens. De la même façon : pas de pain pour les canards, et même les oiseaux de manière générale.

Cette précision faite, poursuivons. Les Anatidés sont dans leur grande majorité herbivores. Leur bec plat et court est adapté pour la recherche de nourriture végétale (Lire l’article « Zoom sur…Les becs des oiseaux »). Il est équipé de lamelles filtrantes qui vont permettre à l’oiseau de retenir les particules nutritives contenues dans l’eau. Leur met favori reste la végétation : feuilles, tiges, racines, graines, plantes aquatiques…

Il existe bien évidemment des exceptions notables. Ainsi, les Harles sont des anatidés piscivores. Leur bec long et fin à l’extrémité crochu leur permet de capturer des poissons d’une taille allant jusqu’à 10 cm. De plus, ce sont d’excellents plongeurs, ils peuvent rester en apnée une demi-seconde pour aller capturer leurs proies. Difficile de croire qu’ils font partie de la même famille que le Canard colvert herbivore qui ne sait plonger !

Enfin, d’autres, comme la rare Érismature à tête blanche, adoptent un régime alimentaire omnivore, associant végétaux à des crustacés et des mollusques.

  • Le déplacement sur l’eau

Les anatidés que vous croisez le plus souvent (canard colvert, cygne, oie) sont des oiseaux d’eau qui, bien qu’ils soient capables de basculer l’avant de leur corps dans l’eau pour rechercher quelque plante aquatique, ne peuvent s’immerger : la faute à une ligne de flottaison assez haute. C’est pourquoi on les appelle des canards de surface. 

En parallèle coexistent avec ces oiseaux de surface des canards dits « plongeurs ». La ligne de flottaison est plus basse, leur permettant de s’immerger entièrement. Contrairement aux Harles, ils sont végétariens ou omnivores mais non piscivores stricts. Parmi ces canards plongeurs : le Fuligule milouin, la Nette rousse et lEider à duvet.

  • Le dimorphisme sexuel

Une fois de plus, on rencontre dans cette grande famille des différences, cette fois en matière de plumage nuptial. D’un côté, ceux chez qui l’on observe une nette différence dans les coloris des plumages entre mâle et femelle et de l’autre…ceux qui ne présentent pas de dimorphisme sexuel.

Chez la grande majorité des anatidés, la femelle arbore un plumage beaucoup plus terne que le mâle en période nuptiale. Une des raisons expliquant ce fait est assez simple : les canards construisent leur nid au sol, à proximité d’un plan d’eau. Etant donné que seule la femelle couve, elle doit se parer d’une véritable tenue de camouflage pour ne pas se faire repérer par les prédateurs. Et une fois les petits nés, zou ! Tout ce beau petit monde file du nid. De plus, ce sont les mâles qui courtisent la femelle et non l’inverse : à eux donc de revêtir une tenue d’apparat digne de ce nom ! En fin de période de reproduction, au cours de l’été, les mâles vont d’ailleurs perdre ce plumage nuptial flamboyant pour en adopter un beaucoup plus discret grâce à une mue : le plumage d’éclipse. Ces couleurs, qui les font un peu ressembler aux femelles, leur permettent d’échapper à l’œil attentif des prédateurs. Ce plumage permet également de diminuer l’agressivité entre mâles, qui n’ont alors plus à s’affronter pour conquérir une femelle. 

D’autres, quant à eux, n’ont que faire de ces changements de tenue. Regardez le Cygne tuberculé : mâle et femelle sont tous les deux blancs. Seul un tubercule plus proéminent permet de distinguer le mâle. Pourquoi, me direz-vous, le plumage de la femelle, qui couve les œufs, est-il d’une couleur aussi voyante ? Parce que lorsqu’on a un Cygne mâle de près de 15kg particulièrement agressif, on hésite un peu à s’attaquer au nid ! Les cygnes sont des oiseaux particulièrement puissants et très territoriaux en période de reproduction. Le mâle, s’il ne couve pas, ne lâche pas d’un œil sa femelle et le nid. Les prédateurs ne s’y risquent donc pas. Autre exemple, le Tadorne de Belon ! Ce canard très coloré, mâle comme femelle, installe son nid dans d’anciens terriers de lapins voire de renards (Lire l’article « Quand l’oiseau fait son nid »). La femelle ainsi bien cachée, elle peut couver tranquillement à l’abri des prédateurs. Elle peut donc avoir un plumage très coloré sans que cela porte à conséquence.

  • Le nid 

Comme nous venons de le voir, la grande majorité des anatidés construit un nid au sol. Toutefois, une exception échappe à cette règle : le Canard carolin. Ce canard de surface niche dans les arbres en occupant les loges de Grands Pics ou d’autres cavités naturelles (et oui, quand on a un bec de canard, difficile de creuser dans un arbre !). Seulement 2 jours après leur naissance des petits, la femelle décolle du nid puis appelle ses jeunes. Les petits escaladent alors l’intérieur de la loge avec leurs griffes…et sautent ! Étonnamment, il est très rare qu’ils se blessent lors de ce grand saut. Ils seront indépendants et volants entre 8 et 10 semaines.

Bien qu’ayant nombre de traits communs, la famille des anatidés est très hétérogène, que ce soit en terme de régime alimentaire, de comportement de reproduction ou de morphologie. Il n’y a pas que le Canard colvert ou le Cygne dans cette famille, d’autres anatidés méritent qu’on s’intéresse à leur mode de vie !

Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagramPinterest et LinkedIn

Sources et recommandations :

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