Halloween est passé mais intéressons-nous néanmoins à de drôles d’oiseaux : des oiseaux aux comportements étranges ou à la morphologie hors-normes.
L’oiseau à tendance vampire : Le Géospize à bec pointu
Le Géo-quoi ? Derrière ce nom bien barbare se cache un petit pinson, une sous-espèce de pinson de Darwin endémique des îles Galapagos. Un pinson discret, au plumage sombre et au fort bec. Il se nourrit principalement de graines et de petits invertébrés. Mais lors de la saison sèche, lorsque les conditions climatiques deviennent particulièrement rudes, le Géospize à bec pointu peine à trouver de quoi s’hydrater. Il va alors harceler d’autres oiseaux présents dans son environnement, pourtant bien plus imposants que lui : les fous à pieds bleus et les fous de Nazca. Ils vont méticuleusement les attaquer pour s’abreuver…de leur sang !
Les pinsons se posent sur la queue des fous et, grâce à leur bec puissant et pointu, les piquent à la base de la queue où se situe la glande uropygienne. Ils les font saigner et boivent le sang. Ces petits pinsons-vampires sont diaboliquement efficaces : lorsqu’un pinson s’attaque à un fou, un petit attroupement de pinsons patients se forme non loin du fou. Chaque oiseau va venir profiter de cette source d’hydratation improvisée !
Ce comportement parasite effrayant à observer blesse le fou mais ne le tue pas. Ces pinsons sont hématophages uniquement durant la saison sèche. En plus des graines et des petits invertébrés, leur bec pointu leur permet d’aspirer le nectar des fruits.
Le végétarien-pas-tout-à-fait-végétarien : le Nestor kéa
Le Nestor kéa et son impressionnant bec crochu
Le Nestor kéa est l’une des dix espèces de perroquets endémiques de la Nouvelle-Zélande. L’une de ses particularités : c’est un oiseau montagnard, le seul perroquet de montagne du monde. Il peut occuper des vallées comme des forêts d’altitude exposées à des climats rigoureux. Mais c’est une autre de ses particularités qui lui vaut cette place dans notre Top 5. Et il s’agit là encore d’une histoire de régime alimentaire…
Ce perroquet se nourrit grâce à son bec puissant de graines, de bourgeons, de feuilles, de racines, de baies, de fleurs, de nectar de fleurs de lin de Nouvelle-Zélande, nectar qu’il peut récupérer grâce à une sorte de « peigne » que présente sa langue. Il est donc essentiellement végétarien. Mais dans l’hiver, lorsque les conditions climatiques se font plus rudes, il descend à des altitudes plus clémentes. Il peut alors cohabiter non loin de l’humain et de ses troupeaux d’ovins, nombreux en Nouvelle-Zélande. S’il ne s’attaque jamais à des animaux en bonne santé, contrairement à ce que l’on a longtemps cru, il fait d’une charogne un véritable festin. C’est ainsi le seul perroquet carnivore connu.
La beauté empoisonnée : l’Ifrita de Kowald
De nouveau un oiseau au nom bien compliqué ! Après maintes tergiversations ornithologiques, l’Ifrita de Kowald est devenu l’unique représentant de sa famille, les Ifritidae, depuis 2014. Il s’agit d’un petit oiseau insectivore endémique des forêts tropicales de Nouvelle-Guinée.
Cet oiseau d’un peu plus de 15cm de long partage avec un autre genre d’oiseaux, le genre Pitohuis, la faculté de secréter dans sa peau et dans ses plumes un dérivé de batrachotoxine. Soit ni plus ni moins que l’un des poisons les plus violents chez les animaux ! Il s’agit des seuls oiseaux vénéneux connus au monde.
La batrachotoxine est une toxine habituellement secrétée par des coléoptères et par des amphibiens comme les Dendrobates, petites grenouilles sud-américaines. Elle présente la même utilité pour toutes les espèces: décourager les prédateurs de consommer le porteur de la toxine.
L’as de la discrétion : l’Ibijau gris
Avez-vous déjà vu un oiseau qui se confond avec un poteau ou une souche d’arbre ? L’Ibijau gris, un oiseau sud-américain, est définitivement le maître du camouflage.
S’il fréquente principalement les forêts de plaines, on le retrouve à des altitudes très diverses, du niveau de la mer jusqu’à 1900m d’altitude. Il s’agit d’oiseaux nocturnes, partiellement crépusculaires. Sur la petite vidéo ci-dessus, l’Ibijau se repose, le corps totalement tendu vers le haut et les yeux clos.
Ils peuvent ouvrir l’œil de moitié pour vérifier qu’aucun danger ne les guette. En cas de perturbation, l’Ibijau va tenter de chasser l’intrus avec une parade de défense : il ouvre les yeux et le bec avec lequel il effectue des claquements. De plus, il va gonfler son corps et ébouriffer ses plumes.
Un Ibijau-pas-content
Les Ibijaus gris sont des oiseaux principalement insectivores. Grâce à leur large bec, ils avalent des coléoptères (scarabées, charançons…) mais également des larves, des papillons de nuit et des orthoptères (grillons, criquets, sauterelles) qu’ils repèrent grâce à des yeux imposants.
Le désaxé : le Pluvier anarhynque
Vous allez finir par me maudire avec tous ces noms tordus ! Mais celui-ci mérite vraiment le détour : peu de chances que vous connaissiez la particularité de cet oiseau endémique de la Nouvelle-Zélande ! Il n’est pas suceur de sang ni charognard ni toxique : sa particularité n’est pas comportementale mais anatomique. Un indice ? On l’appelle également le Pluvier à bec dévié.
« Pluvier à bec dévié ? » On comprend un peu pourquoi...
Étonnant bec que celui du Pluvier anarhynque car il est dévié vers la droite ! Chez les limicoles, ces oiseaux de rivages professionnels de la fouille dans la vase, on peut observer de nombreuses adaptations de la forme du bec en fonction de leurs proies de prédilection. Long, court, fin, épais, recourbé ou parfaitement droit : il existe beaucoup de possibilités ! Mais on ne connait pas d’autre exemple que le Pluvier anarhynque présentant un bec dévié sur un côté.
Ce pluvier aime fréquenter les îlots de galets des grands cours d’eau. Ce bec dévié va leur permettre de récolter leur nourriture, des éphémères (larves et adultes), sans avoir à retourner les galets. Après la saison de reproduction, ils quittent ce milieu pour rejoindre de grandes vasières qui leur tiennent lieu de zones d’hivernage. Là, le bec dévié n’est plus d’une grande utilité : le pluvier est alors obligé de pencher souvent la tête pour capturer de quoi se nourrir, à la surface de la vase.
Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur Facebook, Twitter, Instagram, Pinterest et LinkedIn.
Sources et recommandations :
- Sites: www.oiseaux.net , maxisciences.com
- Nestor kéa: Christian Mehlführer
- Ifrita de Kowald: John Gerrard Keulemans
- Pluvier anarhynque: Yann Cambon
- Image à la Une: Elijah Hail