Alors que s’est tenu ce week-end un comptage national des oiseaux des jardins organisé par la LPO et le Muséum National d’Histoire Naturelle, intéressons-nous à ces programmes de sciences participatives. En plus de leurs vertus pédagogiques, ils représentent un apport important de données scientifiques !
Qu’appelle-ton « sciences participatives » ?
Voilà une discipline assez récente qui prend son essor depuis une dizaine d’années. Elle est née de la volonté de la communauté scientifique naturaliste d’associer les citoyens à des programmes de recherches. En effet, par des observations réalisées selon un protocole standardisé, chacun d’entre nous peut apporter un lot de données. Additionnés à des centaines de milliers d’autres, sur plusieurs années, toutes ces observations permettent aux scientifiques de modéliser des tendances et de répondre à des questions. Cet pression d’observation à l’échelle nationale représente un apport déterminant de données. En effectuant un travail de terrain dans toute la France, les participants permettent d’améliorer l’état des connaissances sur une ou des espèces et contribuent à faire avancer la recherche scientifique sur la biodiversité.
Pour résumer, la vidéo ci-dessous présente, en trois minutes, ce que sont les sciences participatives et notamment les champs d’expertises qu’elles recouvrent.
Qui peut participer ?
Le grand intérêt des programmes de sciences participatives est leur facilité d’accès. Si le protocole d’observation ou la plateforme internet sur laquelle on entre les observations étaient trop compliqués à utiliser, le public pourrait être facilement découragé.
Quel que soit le programme choisi, il est parfaitement possible d’être novice. Des ressources pédagogiques sont disponibles (fiches d’identification d’espèces, photos..), le protocole est détaillé et simplifié au maximum. Certains programmes peuvent également faire appel à des observateurs aguerris pour aider les novices et valider leurs données d’observation.
Quelles sont les espèces concernées ?
Que vous soyez un amoureux des oiseaux, des papillons, des hérissons ou des plantes : il y a forcément un programme pour vous !
Historiquement, les oiseaux ont fait partie des premières espèces concernées par les programmes de sciences participatives. En effet, ils font partie de notre environnement proche, les migrations rythment les saisons, beaucoup sont faciles à observer. Il a suffit de mettre en place des protocoles accessibles au grand public pour organiser une grande opération d’observation ! Ainsi, l’observatoire participatif “Oiseaux des jardins” a pour objectif d’aider les scientifiques à comprendre quand et pourquoi les oiseaux visitent les jardins. Il se déroule toute l’année et est accessible aux débutants. Il s’agit de compter régulièrement les oiseaux visitant votre jardin, votre balcon ou même un parc public. En transmettant vos observations sur le site dédié, vous aidez les scientifiques à mieux comprendre les comportements des oiseaux, notamment en fonction des conditions environnementales.
Mais les oiseaux ne sont pas les seules espèces concernées, loin de là ! Le programme « Mission hérisson » a pour but d’aider les scientifiques à connaître l’état de santé de la population nationale de cette espèce et son évolution dans le temps.
« Sauvages de ma rue » permet aux citadins de reconnaître les espèces végétales qui poussent dans leur environnement immédiat, sur leurs trottoirs.
Le SPIPOLL a pour but d’étudier les réseaux de pollinisation, c’est-à-dire les interactions complexes entre plantes et insectes, mais aussi entre les visiteurs des fleurs eux-mêmes, grâce à un suivi photographique.
Les scientifiques se sont emparés de cette force citoyenne à un point tel qu’une plateforme regroupe l’ensemble des programmes de sciences participatives disponibles ! Sur OPEN, vous avez la possibilité de rechercher un programme par régions, thèmes, espèces et niveaux. Impossible de ne pas trouver le vôtre !
Observer…pour quels résultats ?
Observer selon un protocole établi, rentrer ses données sur un site internet, ok…mais après ? Pour reprendre l’exemple de l’Observatoire des Oiseaux des Jardins évoqué plus haut, le bilan des dix années de suivi depuis le début du programme est plus que mitigé : on constate un déclin de 41 % des populations d’oiseaux au printemps. Le Bouvreuil pivoine, l’Accenteur mouchet, le Verdier d’Europe, ou encore le Merle noir sont concernés. Même les populations de mésanges bleue et charbonnière, pourtant des grandes habituées de nos jardins, présentent un déclin modéré de 17% ces 10 dernières années.
À l’inverse, en hiver, la Fauvette à tête noire enregistre une hausse de 57 % depuis 2013, ce qui n’est pas pour autant une bonne nouvelle. Il s’agit d’un changement comportemental ; des individus nordiques qui, au lieu de descendre plus au sud et de se nourrir dans les campagnes, comme autrefois, ne s’aventurent plus dans un voyage risqué et se rapprochent de zones d’alimentation facilement disponibles. Ces changements comportementaux ne sont évidemment pas sans conséquences sur le milieu mais également, plus étonnant, sur la morphologie des oiseaux.
Ces tendances et les comportements des oiseaux ont été déterminées grâce à six millions et demi d’observations, par 85000 participants en 10 ans. Cet extraordinaire apport de données est une mine précieuse pour les scientifiques et permettent de rendre compte de l’effondrement de la biodiversité et des populations d’espèces qui ne seront peut-être plus si communes demain.
Vous pouvez télécharger le bilan complet en cliquant sur la vignette ci-dessous:
Et si vous souhaitez en savoir plus sur les résultats obtenus, la LPO et le MNHN ont organisé un webinaire de présentation des résultats. Y est présenté les résultats suite à l’analyse des données collectées par les participants, l’intérêt de ces données pour la connaissance des oiseaux des jardins et les tendances de population issues de ces observations.
Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ?
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Sources et recommandations :
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- Photographies (dans l’ordre d’utilisation) : Richard Bell, Alexas_Fotos, Ray Hennessy, Hans Veth
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Image à la Une : Niklas Ohlrogge