Les plumages des oiseaux: Collection automne-hiver

Comprendre

Cette semaine, intéressons-nous aux différentes tenues qu’arborent les oiseaux une fois l’été terminé. Lorsqu’il n’y a plus besoin de séduire ces dames, les mâles continuent-ils de se parer de couleurs flamboyantes ? Changent-ils obligatoirement de plumages ? Étudions cela d’un peu plus près.

Changement de tenue

Nous avions évoqué dans notre article « Prête-moi ta plume: la mue chez les oiseaux » ce phénomène  physiologique de remplacement des plumes. Les plumes sont soumises à de nombreuses contraintes, comme les frottements de l’air ou contre le nid lors de la couvaison. Il faut donc régulièrement les remplacer. Les oiseaux ont besoin d’un plumage parfaitement efficace : il faut se rappeler que le seul moyen pour un oiseau d’échapper à un prédateur est bien souvent l’envol ! De plus, le plumage protège l’oiseau, en participant à la régulation de sa température corporelle par exemple.

Les oiseaux vont ainsi « rafraîchir » leur plumage au moins une fois par an. Cependant, le processus de mue est très complexe et on ne peut le généraliser à toutes les familles d’oiseaux. Chaque espèce présente un processus qui lui est propre. Ils peuvent présenter qu’une seule mue par an, la mue pré-nuptiale, qui va leur permettre d’arborer un plumage nuptial par exemple. Ils peuvent également connaître une mue post-nuptiale avant le départ en migration. Les mues peuvent être complètes ou partielles. En bref, impossible de définir un processus de mue « type » pour toutes les familles d’oiseaux !

Une tenue de gala

Les couleurs d’un plumage nuptial d’un mâle ont une forte incidence sur les réactions des femelles. Tous les facteurs qui les influencent lors d’une parade nuptiale sont peu connus mais des études scientifiques ont levé le voile sur certains d’entre eux. On sait ainsi que l’intensité de la tâche bleue de la Gorgebleue à miroir est un critère de sélection très important pour les femelles. Chez les hirondelles rustiques, ces dames sont particulièrement sensibles à l’éclat de la zone front-gorge, de couleur roussâtre. Le raisonnement? Si un mâle peut se permettre une tenue nuptiale élaborée (le plumage fait partie de ce que l’on appelle des caractères sexuels secondaires), c’est qu’il dispose d’un état physiologique satisfaisant.

Les pigments qui interviennent dans la coloration des plumes, les caroténoïdes, sont également impliqués dans la défense immunitaire et la neutralisation de radicaux libres. Un mâle bien coloré = un état de santé satisfaisant = un reproducteur au potentiel intéressant !


« Une belle tenue ET un bon déhanché, c’est ça la recette ! »

Les plumes ne sont pas les seules concernées: les pattes, les zones de peau nue et le bec doivent aussi leur couleur aux caroténoïdes. Ainsi, les femelles des merles noirs sont particulièrement attentives à la couleur jaune vif des mâles.

Nouvelle collection « Automne-hiver »

A la fin de la saison nuptiale, le plumage nuptial n’a que peu d’utilité. Lorsque les couleurs sont voyantes, elles représentent même un inconvénient : l’oiseau est plus facilement repérable par les prédateurs.

  • Les limicoles, évoqué dans l’article « Une histoire d’Oiseaux: les limicoles », subissent deux mues annuelles : l’une pour aboutir à la livrée nuptiale et l’autre se produisant entre août et novembre, aboutissant elle au plumage internuptial. La mue de printemps est partielle : elle ne concerne que les plumes de la tête, du corps et une partie des couvertures alaires. Celle d’automne est complète, rémiges et rectrices comprises. Le plumage internuptial est plus uniforme, moins coloré et diffère nettement du plumage nuptial. Bécasseaux, pluviers et Combattant varié sont coutumiers de la mue d’automne. La différence entre les deux livrées est particulièrement impressionnante chez certaines espèces, comme le Chevalier arlequin

  • Les Anatidés (Lire l’article « Une histoire d’Oiseaux: les Anatidés ») connaissent eux aussi une mue post-nuptiale complète en été. Concernant les canards, les femelles sont en charge d’élever les jeunes, tâche qui ne concerne pas les mâles. Ceux-ci vont se rassembler avec les canards immatures et les non-reproducteurs sur de grands plans d’eau, synonymes de sécurité. Ils perdent toutes leurs plumes de vol en même temps : ils pourront à nouveau voler au bout de 25 à 28 jours (32 à 35 pour les oies, 42 à 56 jours pour les cygnes). Cette perte de la capacité de vol les engage à la discrétion. Contrairement aux cygnes et aux canards plongeurs, les canards de surface vont revêtir ce que l’on appelle un plumage « d’éclipse » : la livrée nuptiale est remplacée par un plumage beaucoup plus terne, assez similaire à celui des femelles. Fin août, lorsque les oiseaux sont de nouveau aptes à voler, ils reprendront leur aspect initial. 
  • Parmi les oiseaux particulièrement casse-tête à identifier, les laridés méritent largement leur place dans le Top 5 ! Et notamment du fait de leurs mues successives. Une fois adultes, l’identification est plus « aisée ». Mais les laridés connaissent 4 années de mues successives avant d’arborer leur livrée définitive : autant dire que cela fait beaucoup d’occasions de se tromper…Adultes, mouettes et goélands connaissent une mue de printemps incomplète (tête et corps) durant 1 à 2 mois puis une mue d’automne totale, d’une durée de 3 à 4 mois. Les mouettes, mâles et femelles, perdent la coloration de leur tête pour ne garder qu’une petite tâche parotique. 
  • Chez les passereaux, de nombreux passereaux n’adoptent pas de plumage particulier pour la saison de reproduction. Ils ont en effet un gros avantage pour séduire leur dulcinée par rapport aux autres oiseaux : une capacité intéressante à produire des sons mélodieux ! Ils ne peuvent donc consacrer de l’énergie (la mue est un processus très énergivore) aux deux processus. Certains toutefois s’y essaient : la Bergeronnette printanière présente un dessous jaune vif et le dessus du corps vert olive. Son plumage internuptial est beaucoup plus terne. Les fauvettes changent également quelques plumes de leur corps afin de modifier leur apparence. Processus intéressant : certaines espèces ont trouvé le moyen d’acquérir un plumage nuptial sans débauche d’énergie. Ainsi, les moineaux, les fringillidés, les bruants changent toutes leurs tectrices durant l’automne et l’hiver. Ces nouvelles plumes présentent déjà les couleurs nuptiales mais sont bordées d’une frange brune ou beige. Durant tout l’hiver, les plumes s’usent, la frange s’émousse. Elle finit par disparaître juste avant le printemps. Ainsi, l’oiseau acquiert son plumage nuptial par abrasion: sa tenue d’apparat est en fait…un costume d’occasion ! 

Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagramPinterest et LinkedIn

Sources et recommandations :

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