Oiseaux & insectes : destins liés

Agir, Comprendre

Le 11 mai se tenait la Journée mondiale des oiseaux migrateurs, une campagne annuelle de sensibilisation à la protection de ces oiseaux et de leurs habitats. Le thème 2024 mettait en lumière le lien entre les insectes et les oiseaux migrateurs : c’est l’occasion de s’intéresser de plus près à ces espèces dont les destins sont imbriqués.

« Protégeons les insectes, protégeons les oiseaux »

Initiée en 2006 par le Secrétariat de l’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie (AEWA) en collaboration avec le Secrétariat de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS), la Journée mondiale des oiseaux migrateurs permet de mettre en lumière ces espèces aux capacités étonnantes mais également leur rôle écologique déterminant. Cette campagne se déroule sur deux dates, le deuxième samedi de mai et d’octobre, en plein cœur des périodes migratoires pré et post-nuptiale. Des actions de sensibilisation se déroulent partout dans le monde, unies par un thème annuel commun (pollution plastique, pollution lumineuse, oiseaux migrateurs et tourisme…).

Cette année, le thème (et le slogan) choisi est « Protégeons les insectes, protégeons les oiseaux« . Les populations d’insectes et d’oiseaux migrateurs sont inextricablement liées. Les insectes sont une source de nourriture essentielle pour les oiseaux. Ils leur permettent d’obtenir suffisamment d’énergie pendant la migration ainsi qu’à d’autres étapes de leur cycle de vie, en particulier pour nourrir leur progéniture. Le déclin des insectes à l’échelle mondiale menace donc grandement la survie des oiseaux migrateurs.

Des populations d’insectes en fort déclin…

Partout dans le monde, les insectes voient la santé de leurs populations se dégrader.

Quelques chiffres apportés par des publications récentes :

Si ce constat est effrayant, il est probablement sous-évalué. En effet, les suivis scientifiques sur les insectes sont notamment menées dans des zones protégées, comme les réserves naturelles. Les terres agricoles ou les milieux urbains révéleraient probablement beaucoup moins d’insectes.

Les raisons de ce déclin massif et malheureusement trop silencieux ? Elles sont multifactorielles et simultanées, ce qui complique l’application de mesures de protection efficaces. Parmi les menaces les plus impactantes :

  • La dégradation des habitats
  • L’agriculture intensive et l’usage de pesticides
  • Les conséquences du changement climatique
  • La pollution lumineuse
  • L’introduction de plantes non indigènes

Au-delà de leur fonction essentielle dans le bon fonctionnement des écosystèmes et leur participation aux services écosystémiques dont nous dépendons par bien des aspects, comme la pollinisation des plantes à fleurs, les insectes ont un rôle primordial dans le réseau alimentaire d’un milieu.

…et un impact sur les populations d’oiseaux

Comme nous l’avons vu plus haut, ‌les insectes représentent une source de nourriture riches en protéines et à haute énergie. Les espèces d’oiseaux migrateurs dépendent des insectes pendant la migration et mais également à d’autres étapes de leur cycle de vie pour nourrir leurs petits. Globalement, de nombreuses espèces adoptent un régime alimentaire plus riches en insectes lors de la période de reproduction.

Par ce lien d’interdépendance, la présence d’insectes influence grandement le moment, la durée et le succès global des migrations d’oiseaux. Lors de leurs escales migratoires, les oiseaux vont activement rechercher des insectes, que ce soit dans les airs ou parmi les feuilles, l’écorce et la végétation. Logiquement, les migrations de nombreux oiseaux coïncident avec le pic d’abondance des insectes dans leurs zones d’escale.

Cette dépendance est particulièrement forte pour des espèces d’oiseaux migrateurs insectivores bien connues et aimées du public, telles que les martinets et les hirondelles. La dégradation des populations observée de ces espèces (-46 % pour le Martinet noir depuis 2013) est intimement lié au déclin sévère et généralisé des insectes volants, cet oiseau ayant un régime à 100 % insectivore.

Le changement climatique impacte durement le cycle de vie de certains insectes et met ainsi en péril la survie d’oiseaux spécialisés. Ainsi, selon une étude de 2006, le déclin du Gobemouche noir est lié au fait que les adultes arrivant désormais fréquemment dans les forêts européennes après que les chenilles se soient transformées en insectes, un stade trop avancé pour les oisillons qui ne peuvent s’en nourrir.

Un rôle écologique essentiel

Le rôle écologique et économique des oiseaux est bien souvent ignoré. Dans une étude parue en juillet 2018 dans la revue The Science of Nature, une équipe internationale de chercheurs ont réalisé une estimation de l’impact de la prédation des oiseaux insectivores et donc du rôle considérable qu’ils jouent pour éliminer les insectes nuisibles. Les résultats : « Nous estimons que la biomasse de proies consommée par l’ensemble des oiseaux insectivores du monde entier se situe entre 400 et 500 millions de tonnes par an« 

En luttant contre les moustiques et autres insectes susceptibles d’endommager les cultures et de propager des maladies, les oiseaux migrateurs nous apportent de multiples services. A l’inverse, sans des prédateurs naturels que sont les oiseaux, la surpopulation de certains insectes peut provoquer des dégâts irrémédiables sur la santé des plantes et donc des cultures.

Prendre des mesures de protection pour réduire le déclin des insectes profitera donc aux oiseaux sur leurs voies de migration.

Les bons gestes pour aider insectes & oiseaux !

A notre échelle, nous pouvons agir pour protéger les insectes et donc les oiseaux qui en dépendent tant.

Voici quelques gestes simples et efficaces à mettre en place :

  • Saviez-vous que la superficie cumulée de nos jardins est supérieure à celle de l’ensemble des réserves naturelles de France ? L’action la plus importante et la plus facile à mettre en place est donc de préserver son jardin et d’en faire une zone-refuge pour la biodiversité.
  • Sur une partie ou la totalité de notre jardin, laissons la pelouse s’ensauvager. Une large diversité d’espèces végétales fera le bonheur des insectes et des oiseaux.
  • En matière de plantations, privilégions les plantes mellifères, riches en nectar, qui attireront naturellement les insectes. On choisira également des espèces végétales locales.
  • On bannira tout pesticide et autre produit toxique pour la biodiversité.

La thématique 2024 de cette journée mondiale des oiseaux migrateurs est l’occasion parfaite pour mettre en avant les liens d’interdépendance entre les populations d’oiseaux migrateurs et d’insectes. Elle nous rappelle que la préservation d’un groupe d’espèces dépend de la bonne santé de ses liens avec d’autres groupes. On ne peut protéger les oiseaux sans s’inquiéter du déclin des insectes ou de la dégradation des milieux naturels indispensables à leur cycle de vie. Elle nous rappelle également que la moindre petite action à notre échelle, telle que cesser l’utilisation de tout pesticide dans nos jardins, sera favorable à tous les échelons du réseau alimentaire qui tente de s’y maintenir.

Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagramPinterest et LinkedIn

Sources et recommandations :

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