La semaine dernière, nous en étions restés au miracle de la naissance chez les oiseaux. Le poussin est donc sorti de son œuf, parfois même du nid, et est désormais tout occupé à une tâche plutôt importante: survivre. La période entre cette éclosion et l’indépendance va être longue, le petit va devoir être attentif et…apprendre.
Inné ou acquis ?
Pas facile de savoir si tel ou tel comportement est obtenu par un apprentissage (acquis) ou de façon héréditaire (inné). En réalité, il serait bien illusoire de vouloir séparer de manière hermétique ces deux phénomènes : on ne peut dire que tel comportement se développe sans aucune influence du milieu. De même, impossible d’établir qu’il s’est établi sans aucun contrôle génétique. Les deux vont de pair, dans une proportion variable selon les espèces et les comportements.
Toutefois, on peut dire que les gènes vont déterminer les capacités et les périodes d’apprentissage, très variables selon les espèces.
Les tous premiers apprentissages
Les oiseaux sont particulièrement précoces puisque l’embryon, comme nous l’avions vu précédemment, est capable d’établir un contact vocal avec ses parents. Cela est surtout vrai chez les oiseaux nidifuges, dont les petits quittent le nid très rapidement après leur naissance, comme les canards. Chez ceux-ci, les embryons réagissent à la voix maternelle cinq jours avant l’éclosion. L’apprentissage du contact vocal avec leurs parents est alors essentiel car ceux-ci ont besoin d’un contact permanent avec leur (souvent nombreuse) progéniture lorsqu’elle aura quitté le nid. Fait intéressant : les canetons, une fois sortis de l’œuf, ne peuvent reconnaître de façon certaine la voix de leur mère uniquement s’ils ont déjà entendus leur propre voix. Il leur faut acquérir une première expérience auditive !
En terme de contact auditif précoce, les oiseaux nichant en colonies sont coutumiers du fait: les parents sont ainsi capables de retrouver leur petit dans une immense colonie.
« Tiens, salut Roger ! Toi aussi tu viens chercher ton p’tit à la crèche ? »
Le développement de l’apprentissage
Il y a tout d’abord les comportements majoritairement innés. On a ainsi compris, par diverses expériences, que les oiseaux savent voler, ils ne l’apprennent pas. Le sens de l’orientation semble également échapper à toute forme d’apprentissage. Toutefois, les comportements innés ne peuvent donner le maximum de leur possibilités sans apprentissage. Un comportement inné est par essence peu souple, il faut à l’oiseau un maximum d’expériences pour en tirer toute la quintessence. Si les comportements innés sont communs à tous les membres d’une même espèce, l’expérience va être, elle, individuelle.
L’apprentissage par l’expérience présente un avantage particulièrement intéressant : sa rapidité d’évolution. Les comportements innés ne peuvent changer que par une modification génétique, cela prend donc du temps et plusieurs générations. Ils demeurent intéressants pour tout ce qui concerne les comportements sociaux, comme la reconnaissance des membres de son espèce par exemple. Dans ce cas précis, il n’y a pas besoin d’adaptation ni de changement : on reconnait son partenaire et puis c’est tout (ce qui évitera à un Rouge-gorge d’essayer de s’accoupler avec une Mésange, par exemple).
L’apprentissage, par contre, permet à l’animal de réagir vite aux modifications de son environnement, en une génération. Il peut ainsi exploiter au mieux son milieu, que ce soit pour la recherche de nourriture ou de lieux de nidification par exemple. La Grive musicienne apprend ainsi à fracasser la coquille des escargots contre des pierres pour mieux s’en délecter.
Toute la famille des Corvidés est incontestablement passé maître en matière d’apprentissage et d’utilisation d’outils. La vidéo ci-dessous montre comment l’oiseau est capable de modifier l’outil mis à sa disposition afin d’arriver à ses fins.
Dernier point : l’apprentissage peut être obligatoire ou facultatif. Pour se défendre ou pour rechercher des sources de nourriture, l’oiseau doit apprendre. Les poussins apprennent ainsi à rester immobiles à la vue d’un rapace ou à repérer les chenilles toxiques. Pour le reste, cela devient du ressort de la curiosité et du jeu, qui les amènera à explorer des situations nouvelles et donc à acquérir de nouvelles compétences qui leur seront utiles dans leur future vie d’adulte.
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Sources et recommandations :
- « Le royaume des oiseaux« , Zdenek Veselovsky, Editions Gründ
- Photo : Nathan Anderson