Et on continue notre trilogie avec un sujet sur le vol des oiseaux lors de la migration !
« Ouéééé, cool-cool-cool-cool-cool-cool! »
Vous n’avez pas lu le premier épisode? Il est juste là !
Vous souhaitez revoir notre article sur les raisons de la migration ? C’est juste ici !
Et maintenant que vous êtes prêts, c’est parti !
Un paramètre essentiel : le vent
Tout bon pilote vous le dira : pas de bonne navigation sans une parfaite connaissance des vents ! Il peut être à un moment la plus précieuse des assistances et, en un instant, se transformer en pire ennemi. Avec un vent arrière, l’oiseau bénéficie d’une poussée naturelle qui peut lui permette de lever le pied. On estime alors le gain de vitesse moyen de 30% ! Avec une telle aide, l’oiseau va économiser énormément d’énergie. C’est avec un vent arrière que de minuscules oiseaux traversent des obstacles géographiques monstrueux comme le Sahara. Il est donc essentiel pour eux d’attendre les bonnes conditions avant de se lancer ! Il a été démontré que si les Fauvettes des jardins tentaient la traversée hors vent de nord, plus de 90% mourraient d’épuisement…
Tellement important que, lorsque les conditions météorologiques sont bonnes, les oiseaux en profitent et « tracent » leur route. Ils font des haltes beaucoup plus courtes qu’à l’accoutumée et privilégie les longues étapes de vol. A l’inverse, dès que la météo se dégrade, ils vont rester plus longtemps sur leur site de halte voire carrément s’accumuler si la situation perdure.
Toutes les espèces ne profitent pas du vent de la même manière : les familles d’oiseaux présentent des morphologies parfois très différentes entre elles et il existe plusieurs types de vols (Lire l’article « A vol d’oiseau« ). Ainsi, les rapaces raffolent des courants ascendants, qui se forment par beau temps. Les oiseaux de mer « surfent » juste au-dessus des vagues où se créent des turbulences. Tous les oiseaux au vol battu vont être très attentifs à la direction du vent pour économiser de l’énergie. Seules exceptions (il en faut toujours) : les Hirondelles rustiques et les Martinets noirs, qui préfèrent les vents de face semblant faciliter leur chasse d’insectes. Pour d’autres, au contraire, c’est vent quasi-nul ou rien ! Grives à dos olive et Fauvettes grisette ne décollent que lorsque le vent au sol est inférieur à 10 km/h et ce, quelque soit sa direction.
Mais, me direz-vous, c’est bien joli tout ça mais comment les oiseaux déterminent-ils le sens du vent Et bien, on ne sait pas vraiment. Au sol, les oiseaux peuvent mesurer l’intensité du vent : à la base de chaque plume, dans la peau, se situe un récepteur sensoriel. Le moindre déplacement de la plume par le vent va stimuler ce mécanorécepteur. L’oiseau va ainsi pouvoir mesurer la force du vent et sa direction. Mais lorsqu’ils sont en vol, difficile de savoir comment ils utilisent les informations transmises par ces mécanorécepteurs. Autre outil : l’organe de Vitali ou organe paratympanique (OPT). Certains oiseaux comme les faucons ou les martinets peuvent, grâce à cet organe situé dans leur oreille, détecter les changements de pression dans l’atmosphère. La pression atmosphérique, selon qu’elle augmente ou diminue, est synonyme de tempêtes ou de beau temps. En détectant ces changements, les oiseaux peuvent s’y préparer soit en faisant une halte, soit en changeant leur route.
Et l’altitude alors ?
En voilà un autre critère important ! Au-delà d’une certaine altitude, la direction du vent peut changer par rapport à celle du sol. Les oiseaux ont tout intérêt à rechercher constamment la direction du vent qui les poussera vers leur destination. Ainsi, ils ne restent pas à la même altitude durant tout leur temps de vol : ils peuvent monter très haut pour redescendre si les conditions sont meilleures en bas.
Sauf que.
Atteindre une altitude importante par un simple vol battu demande un effort énergétique considérable ! Une fois l’altitude atteinte, il leur faut lutter contre le manque d’air, en respirant plus vite, ce qui a tendance à déshydrater leur organisme. Le vol à une altitude élevée n’est donc intéressant que pour les migrateurs longue distance, d’autant plus qu’ils peuvent avoir à passer des chaînes de montagne. Pour des migrateurs courte distance, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Mieux vaut rester à une altitude moyenne à basse, même si les vents sont moins favorables.
Des oiseaux sont capables de migrer sur de longues distances à une haute altitude et ce, grâce à une physiologie adaptée. Tout d’abord, tous les oiseaux ont un système pulmonaire bien plus efficace que le nôtre en terme d’échanges gazeux et une hémoglobine capable de transporter bien plus d’oxygène. Pour les oiseaux migrant à haute altitude, c’est un vrai avantage ! De plus, leur rendement cardiaque augmente face à une diminution de la concentration en oxygène. Et c’est ainsi que les Oies à tête barrée sont capables de traverser chaque année l’Himalaya durant leur migration.
Seul ou accompagné?
Comme nous l’avions vu dans l’article Dis Google, pourquoi les oiseaux…, certaines espèces préfèrent voler en groupes, en formation de vol très précise. Ce sont le plus souvent des espèces qui partent en familles et ainsi indiquent la route à suivre aux plus jeunes. Les rapaces peuvent également voler en groupes durant leur migration, alors qu’ils ont une vie majoritairement solitaire. Ce comportement semble du à la nécessité pour eux de trouver des courants ascendants : ils se retrouvent donc tous logiquement aux mêmes passages, les plus jeunes profitant de l’expérience de leurs aînés. Des oiseaux comme les canards, les limicoles ou les fringilles partent en migration en groupes. C’est une stratégie importante pour ces oiseaux qui peuvent ainsi se défendre face à d’éventuels attaques de prédateurs.
Partir un jour…sans retour ?
La migration est un moment important dans le cycle de vie d’un oiseau et elle est dangereuse à bien des égards. Chez les jeunes oiseaux inexpérimentés, elle peut être fatale. Ainsi, chez la Paruline bleue, 85% de la mortalité annuelle a lieu pendant ses deux migrations. Des haltes mal gérées, un épuisement trop important, une mauvaise navigation, la traversée du Sahara ou des Pyrénées…C’est finalement un vrai miracle de survivre ! Près de 75% des jeunes Cigognes blanches ne survivent pas à leur premier voyage. Mais pour les grands planeurs, il faut également ajouter les risques de collision avec les lignes à haute tension.
La prédation est également un risque important durant la migration. Les rapaces comme les éperviers ou les faucons font coïncider leurs dates de migration avec celles de passereaux dont ils se nourrissent. Les faucons concolore et d’Éléonore ont même calé leur cycle de reproduction avec le passage automnal des passereaux en direction de l’Afrique!
Ouragans, tempêtes de neige ou de sable, brouillard, peuvent également causer des dommages terribles chez les migrateurs. On rapporte ainsi qu’en mars 1904, une tempête de neige violente dans le Minnesota causa la mort d’au moins 750.000 Bruants lapons. Les tempêtes se produisant en mer ont des effets dévastateurs, les oiseaux trouvant difficilement des refuges où se poser.
Enfin, les tirs illégaux, le braconnage font des ravages sur des populations d’oiseaux déjà fragilisées. Pour exemple, la Royal Society for the Protection of Birds et Birdlife Cyprus ont indiqué en mars 2017 qu’environ 2.3 millions d’oiseaux ont été tués durant l’automne 2016. Rien qu’à Chypre.
Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur Facebook, Twitter, Instagram, Pinterest et LinkedIn.
Sources et recommandations :
- « La migration des oiseaux, Comprendre les voyageurs du ciel« , Maxime Zucca, Ed. Sud-Ouest
- Image à la Une: Rowan Heuvel