Après un numéro sur les oiseaux des jardins, intéressons-nous dans cet article à cinq caractéristiques étonnantes, qu’elles soient anatomiques ou comportementales, chez les oiseaux marins !
Un vol unique
Les différentes espèces d’albatros, tout comme les autres espèces de l’Ordre des Procellariiformes (comprenant les océanites, les pétrels et les fulmars), possèdent de longues ailes étroites par rapport au reste de leur corps. Cette anatomie leur permet de « surfer » le vent soufflant au ras des vagues. Ils pratiquent ainsi le vol plané dynamique : ils se laissent porter par les courants aériens générés par les vagues, montent jusqu’à une certaine hauteur puis changent l’angle d’attaque de leurs ailes afin de se laisser glisser. Les albatros peuvent ainsi parcourir des milliers de kilomètres sans le moindre effort !
Cette adaptation anatomique présente cependant un inconvénient : la taille démesurée de ses ailes l’empêche de battre des ailes en continu. Autrement dit, en l’absence de courants aériens suffisants, l’albatros est cloué au sol !
Des glandes particulières
Les oiseaux marins évoluent dans un milieu bien particulier, incroyablement riche en sel. Par leur mode de vie, les proies dont ils se nourrissent, la façon qu’ils ont de les capturer, les oiseaux marins ingèrent quotidiennement du sel. A eux seuls, leurs reins ne sont pas capables d’évacuer de telles quantités. Aussi, ils possèdent une « glande à sel » située au-dessus de chaque œil, glandes qui extraient le sel du sang circulant dans le réseau capillaire adjacent. Le sel est ensuite évacué par les narines externes, que l’on aperçoit sur la photo ci-dessus.
Cette adaptation anatomique est particulièrement performante chez les oiseaux pélagiques, c’est-à-dire ceux qui passent la plus grande partie de leur cycle de vie en haute mer.
Se guider à l’odeur
Excellents voiliers, les puffins (tel que le Puffin des Anglais sur la photo ci-dessus) sont des espèces pélagiques parcourant de longues distances grâce au vol plané dynamique, au ras des vagues, comme l’albatros. En période de nidification, ils s’installent en de larges colonies sur des iles et des promontoires isolés sur le littoral. Et ils ont un sens de l’orientation si développé qu’ils sont capables de retrouver leur site de nidification d’une année à l’autre !
Puis, une fois installés dans leur terrier et l’incubation de l’œuf débutée, ils sont capables de le retrouver, à chaque relève entre les deux partenaires, et ce de nuit. Pour cela, ils repèrent tout d’abord la colonie aux odeurs, ce qui est rare chez les oiseaux : celle des fientes, des individus, des déchets de nourriture…Une fois qu’il est au sein de sa propre colonie, le puffin repère son terrier grâce aux vocalisations de son partenaire resté sur place. Chaque puffin est ainsi capable de reconnaître sans erreur son terrier !
Une tache utile
Si vous avez déjà eu l’occasion d’observer un goéland adulte de près, vous avez eu la possibilité de voir une tache rouge au bout de sa mandibule inférieure. Cette « pastille » de couleur vive a une fonction très précise lors de la nidification.
Lorsque le goéland revient à son nid après avoir recherché de la nourriture pour ses petits, les poussins, vont taper instinctivement grâce à leur bec sur cette tache rouge qu’ils repèrent de loin. Ce contact répété va provoquer chez l’adulte un réflexe de régurgitation, nourrissant ainsi le juvénile.
Cette particularité anatomique a fait partie des premiers sujets d’études éthologiques : en masquant cette tache, et donc en privant les poussins de ce stimulus visuel, les scientifiques ont pu observé qu’ils ne réclamaient plus leur nourriture à leurs parents.
Oscar du meilleur acteur
De nombreuses espèces de limicoles, tel que ce Gravelot siffleur (Piping plover), nichent sur les plages, à même le sable où elles pondent au cœur d’une simple dépression, dans les dunes. Nidifuges, les poussins quittent le nid quelques instants après l’éclosion et suivent leurs parents. Ceux-ci vont les guider dans leurs apprentissages, que ce soit la recherche de nourriture ou la surveillance de prédateurs potentiels. Toutefois, dans les premiers temps de leur vie, les poussins ne sont pas aptes à réagir de façon efficiente face aux dangers. Aussi, les parents prennent les devants !
Ainsi, chez les gravelots, l’adulte va se placer face à la menace et fait croire à une blessure en laissant traîner son aile. Paraissant ainsi blessé, le Gravelot a l’air d’être une proie facile aux yeux d’un prédateur, qu’il attire en direction opposé de ses petits. Dès que la menace est suffisamment éloignée du nid, l’adulte s’envole et retrouve au plus vite sa progéniture !
Oiseau américain, le Gravelot siffleur n’est pas présent en France mais il est possible d’observer d’autres espèces, tel que le Gravelot à collier interrompu, l’un des plus rares oiseaux nicheurs de notre pays. Aussi, il convient d’être particulièrement attentif lors de nos balades sur la plage afin de ne pas déranger des espèces vulnérables.
Pour en savoir plus, retrouvez l’article « Balade à la plage : attention danger ! » en cliquant sur la vignette ci-dessous !
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Sources et recommandations :
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Photographies (dans l’ordre d’utilisation) : AdeRussell, Athanasios Papazacharias, ryan.f.mandelbaum, Anna Goncharova, Mathew Schwartz
- Sites web : www.oiseaux.net
- Livre : « Les oiseaux en 450 questions/réponses« , G.Lesaffre, Ed.Delachaux et Niestlé
- Image à la Une : Bryan Walker
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