5 poussins…vraiment épatants !

Comprendre

Le monde des oiseaux est incroyable par la diversité des plumages, des anatomies et des comportements de leurs représentants. Pour preuve : voici cinq poussins dont les stratégies et les comportements sont spécifiques à leur espèce et sont pour le moins étonnants !

Celui qui utilisait les transports en commun

Avec une taille atteignant une soixantaine de centimètres et environ 1kg sur la balance, le Grèbe huppé est le plus grand des grèbes. Il est particulièrement identifiable en période nuptiale grâce à sa double huppe noire et la collerette de plumes rousses et noires sur les côtés de la tête.

Le Grèbe huppé niche entre avril et juillet. Après une parade nuptiale complexe et synchronisée avec son partenaire, la femelle pond entre 3 et 6 œufs. Les petits, dont la livrée rayée est caractéristique, sont nidifuges: ils restent très peu de temps au nid et suivent rapidement leurs parents. Et en cas de fatigue ou de menace, ils grimpent vite sur le dos de leurs parents !

Le poussin de grèbe huppé, sujet du dernier article du bird-blog d'une histoire de plumes

Cette technique est également utilisée par d’autres espèces comme le Cygne tuberculé. Elle permet de déplacer les petits rapidement sur de plus grandes distances que ne leur permettraient leurs petites pattes. Ce comportement permet également de protéger les petits en cas de fortes intempéries. 

Celui qui faisait le grand saut

Intéressons-nous à présent à un oiseau marin, alcidé commun dans l’Atlantique Nord: le Guillemot de Troïl. Une petite population niche en France. 

Le poussin de guillemot de Troïl, sujet du dernier article du bird-blog d'une histoire de plumes

Le Guillemot de Troïl, comme beaucoup d’oiseaux marins, niche en colonies. Oiseau pélagique, il ne revient à terre que pour nicher. Il s’installe sur des falaises et des corniches rocheuses. Le plus gros avantage de ces lieux escarpés: ils lui permettent d’être à l’abri des prédateurs. Inconvénient: l’envol des jeunes qui savent à peine voler (le terme  » planer » serait plus adéquat) est particulièrement laborieux. Chez cette espèce de guillemot, le jeune prend son envol alors qu’il ne fait qu’un quart de sa taille adulte. Ils prennent un grand risque en sautant d’une corniche pour atteindre l’eau, comme le montre la vidéo ci-dessous.

Mais alors, pourquoi l’espèce a-t-elle adopté ce comportement qui parait mettre en danger ses petits? Des scientifiques se sont penchés sur la question et ont publié les résultats de leurs travaux en mars 2017 dans la revue The American Naturalist. Ils se sont rendus compte que chez cette espèce, un juvénile élevé dans l’eau grandit deux fois plus vite que s’il restait au nid. En effet, une fois dans l’eau, le père, alors exclusivement en charge de son petit après trois semaines de soins parentaux partagés avec la mère, n’a plus besoin de faire la navette entre la mer et le nid pour nourrir le petit. Ce temps gagné lui permet de nourrir de façon bien plus conséquente le jeune, qui grandit donc plus vite. Et un poussin qui atteint rapidement la taille adulte est plus à même d’être autonome. Ainsi, une fois dans l’eau, le père va passer environ 6h par jour sous l’eau pour nourrir son petit et ce, durant 56 jours en moyenne. Ainsi, derrière ce saut insensé d’un poussin qui sait à peine planer se cache une stratégie de survie gagnante !

Celui qui était particulièrement bruyant

Chez beaucoup d’espèces, les juvéniles se font discrets durant la période qui suit leur envol. Ils sont en effet vulnérables et doivent intégrer beaucoup de comportements de leur espèce tout en évitant les pièges de la vie sauvage, tels que les prédateurs. Parallèlement, les soins parentaux se poursuivent et les jeunes sont encore en contact étroit avec leurs parents, notamment par des cris de contact les liant dans leur milieu. Ainsi, au mois de juin, il est fort probable que vous entendiez de petits cris stridents dans votre jardin: les juvéniles des mésanges charbonnières sont sortis du nid !

(à voir avec le son)

Par ces cris, les juvéniles gardent un lien avec un parent, ils peuvent être localisés. Ainsi, toute la nichée peut débuter son émancipation et ses apprentissages tout en étant en lien étroit avec les adultes qui continuent de les nourrir. Chez les mésanges charbonnières, l’émancipation complète n’interviendra qu’au bout de 4 semaines. 

Celui qui tuait son frère

Le poussin de Gypaète barbu, sujet du dernier article du bird-blog d'une histoire de plumes

Comme l’indique le titre, chez le Gypaète barbu (en photo, un juvénile), les poussins ne font pas dans la dentelle ! Ce comportement est décrit prioritairement chez les rapaces, qu’ils soient diurnes ou nocturnes. En effet, l’étalement des éclosions dans le temps entraîne une cohabitation dans le nid de poussins d’âges différents.

Chez le Gypaète, la femelle pond ses œufs, deux au maximum, entre décembre et février. Les soins parentaux sont assurés par les deux parents qui effectuent des relèves au nid. Le poussin le plus chétif, souvent celui né en dernier, a du mal à accéder à la nourriture proposée par ses parents, le plus âgé étant souvent plus vigoureux et plus rapide. Celui-ci pourra alors finir par se nourrir du petit dernier, affaibli car affamé.

Dans le cas des rapaces, en particulier ceux nichant dans des zones où la disponibilité des ressources alimentaires est limitée, se nourrir du dernier trop faible est une stratégie payante qui assure la survie d’au moins un poussin.

Celui qui était un vrai « Tanguy »

Le poussin de l'Albatros royal du sud, sujet du dernier article du bird-blog d'une histoire de plumes

Oiseau marin des mers australes, l’Albatros royal du sud est, comme ses congénères, l’oiseau de tous les superlatifs. Avec une envergue atteignant les 3.5m, un record qui lui permet de planer en permanence, il est le plus grand oiseau de mer existant. Ils peuvent vivre jusqu’à une quarantaine d’années et comme toutes les espèces longévives, ils atteignent leur maturité sexuelle relativement tardivement, entre 9 et 11 ans. Les parents se relaient sur le nid pour couver, chacun entre deux et trois semaines. La durée de l’incubation est assez incroyable : 2 mois et demi ! Mais ce n’est pas fini : le poussin va ensuite rester au nid durant 8 mois, nourri par les parents, avant d’être autonome. Ces chiffres épatants font qu’en cas de réussite de sa nichée, la femelle ne peut pondre qu’un œuf tous les deux ans.

Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagramPinterest et LinkedIn

Sources et recommandations :

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