Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’hiver n’est pas une morte saison concernant les observations des oiseaux, loin de là ! La migration post-nuptiale amène des oiseaux étonnants dans nos contrées, qu’ils soient hivernants ou simplement de passage. Un coup de froid ponctuel nordique peut également faire descendre des passereaux peu communs. Que ce soit à la mangeoire de votre jardin ou autour de chez vous : sortez vos jumelles, il y a des oiseaux à voir en hiver !
Le Grosbec casse-noyaux
Voilà un oiseau facilement identifiable à la mangeoire ! Ce passereau fait partie de la famille des Fringilles, comme le Bouvreuil, le Chardonneret et le Pinson. D’aspect rondouillard, son bec est massif et conique, ses ailes bleu-nuit avec des épaules blanches et la queue courte. Si le Grosbec a une tête si ronde, c’est qu’il a développé une puissante musculature permettant d’actionner des mandibules perfectionnées.
Il se nourrit de graines très dures, de fruits à coques et à noyaux durs. Au printemps, lorsque les graines manquent, le Grosbec s’adapte et modifie son régime alimentaire. Il devient en effet insectivore en consommant davantage de chenilles et des cerfs-volants qu’il capture notamment en vol. Les poussins sont d’ailleurs nourris d’insectes et surtout de chenilles.
Si en France, le Grosbec est un passereau nicheur peu commun, en hiver, il ne se rencontre pas non plus en grand nombre. Il est plutôt farouche et pas facile à observer! Toutefois, à la suite d’une chute des températures dans ses zones d’hivernage plus au nord, les Grosbecs vont entamer un mouvement vers le sud, afin de continuer à trouver de la nourriture. Pour savoir quand l’observer, il faut donc surveiller attentivement la météo des pays voisins. En cas de coup de froid, sachez qu’ils peuvent apprécier le tournesol des mangeoires. Vous n’avez plus qu’à ouvrir l’œil !
Le Pinson du Nord
Un cousin de notre ami le Grosbec casse-noyaux ! Le Pinson du Nord fait en effet lui aussi partie de la famille des Fringilles. Le mâle adulte, en période nuptial, présente un plumage contrasté: une tête et une partie du dos d’un noir brillant, une poitrine et des épaules de couleur orangée. Les ailes sont traversées par deux bandes blanches.
En plumage internuptial, le noir perd de son brillant, le mâle ressemble plus à une femelle. Néanmoins, même avec ce plumage plus terne sur le dessus du corps, il se distingue nettement de notre commun Pinson des arbres lorsqu’on l’observe à la mangeoire !
Contrairement à son cousin Grosbec, le Pinson du Nord est un oiseau très sociable. Dès la fin de la saison de reproduction, les pinsons se rassemblent en de grandes bandes. Lorsque les conditions météorologiques se dégradent dans leurs zones de reproduction (en Europe septentrionale), ils les quittent pour rejoindre des contrées plus hospitalières. Cependant, tous ne sont pas migrateurs, les pinsons vivant dans le sud de la Suède et l’extrême sud-est de la Norvège sont en effet sédentaires.
Ces petits passereaux peuvent migrer en petits groupes ou au contraire, en de très larges nuées constituant de véritables invasions de milliers d’oiseaux ! Les migrations automnales sont généralement plus brusques que celles de printemps, plus régulières.
Si au printemps et en été, ils sont plutôt insectivores, ils deviennent granivores en automne et en hiver. Leur met de prédilection : les faînes des hêtres! Elles leur procurent un apport calorique intéressant pendant la mauvaise saison. Ils aiment également les graines des céréales, de bouleaux, d’aulnes voire les baies. En cette période de migration ainsi qu’en plein milieu de l’hiver, il est possible de l’observer près de la mangeoire de votre jardin où il se délecte des graines de tournesol !
La Mésange boréale
Autre visiteur nordique mais plus discret que le Pinson du Nord : la Mésange boréale! Cette petite mésange, sosie de la Mésange nonnette, présente une tête noire, des joues blanches, un dos gris, des ailes sombres et une bavette noire. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une espèce nordique : elle occupe les forêts de feuillus ou mixtes dans le Nord de la Scandinavie et de la Russie. En France, elle est observable dans un grand quart nord-est.
Petite mais maligne, la Mésange boréale est capable de faire des réserves de nourriture pour passer la mauvaise saison. Mais lorsque les conditions météorologiques deviennent trop difficiles, mettant en péril sa survie, elle peut migrer au sud de son aire habituelle de répartition.
Est-elle observable à la mangeoire ? Oui, si celle-ci est éloignée des habitations et des humains qui ont tendance à effrayer ce farouche petit oiseau. Seules les mangeoires proches des bois ont une chance d’être fréquentée par la Mésange boréale. En effet, contrairement aux Pinsons du Nord, qui changent d’habitat durant leur migration (pour rechercher d’autres sources de nourriture plus adaptées), les Mésanges boréales restent fidèles toute l’année à leur habitat de prédilection: les forêts.
L’Alouette haussecol
Étonnant oiseau que l’Alouette haussecol ! Elle se reconnait assez facilement aux coloris de sa tête: une face jaune pâle, un bandeau noir au niveau de l’œil qui descend sur la joue, une bavette noire large sur la haut de la poitrine. Et surtout, deux petites aigrettes de plumes noires sur le côté de la tête lui donnent une drôle de tête avec des « cornes » (bien visible à 1’04 sur la vidéo).
Elle niche de la Scandinavie à la Russie (ainsi qu’en Amérique du Nord, Afrique et Asie centrale). Les alouettes haussecols que l’on observe en France en hiver viennent de Scandinavie. Comme pour ces petits camarades passereaux précédents, les effectifs hivernaux d’alouettes haussecols varient en fonction des rigueurs hivernales. Si lors de l’hiver 1997-1998, les effectifs sont montés à 400 individus, seuls 39 ont été dénombrés en 2006-2007. En moyenne, entre 40 et 200 individus passent l’hiver en France, principalement dans les départements du Nord et de la Somme.
Lors de son passage hivernal en France, l’Alouette haussecol fréquente les prés salés à l’arrière de cordons dunaires, les baies sableuses avec des cordons de galets, les grandes baies de schorres herbacés. Pas franchement un oiseau de mangeoire donc !
La Rémiz penduline
Il n’y a pas que l’Alouette haussecol qui a un joli bandeau noir : le mâle de la Rémiz penduline est, en plumage nuptial, un vrai Zorro des roselières !
Ce passereau discret, anciennement classé dans la famille des mésanges, fréquente les bords de rivières, de lacs et de ruisseaux à partir du moment où il y trouve des saules, des aulnes et d’ormes. Il affectionne les grandes roselières en hiver.
On compte quelques oiseaux nicheurs en France : pas plus de 50 couples, répartis sur trois régions : Alsace, Lorraine et Languedoc-Roussillon. Si les départements méditerranéens et la vallée du Rhône ont abrité une population nicheuse jusque dans les années 70, elle est aujourd’hui éteinte. On sait aujourd’hui que la population reproductrice française de Rémiz penduline a été divisée par trois depuis 10 ans.
On l’observe donc principalement en migration, le long des grands axes fluviaux. Durant l’hiver, elle s’installe sur la façade atlantique (à partir de la Bretagne) ainsi que le long des côtes méditerranéennes jusque dans la vallée du Rhône.
Comme vous le voyez, il n’y a pas que des rouges-gorges et des mésanges à observer durant l’hiver ! Que ce soit autour de votre mangeoire ou un peu plus loin, que ce soit par la migration automnale traditionnelle ou par une irruption spontanée suite à un refroidissement climatique dans les pays voisins, vous pouvez avoir l’occasion d’observer des oiseaux peu communs. A vos jumelles !
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Sources et recommandations :
- 100 oiseaux rares et menacées de France, Frédéric Jiguet, Ed. Delachaux et Niestlé
- Site : www.oiseaux.net
- Grosbec casse-noyaux : Par Assianir — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, Lien
- Mésange Boréale : Par © Francis C. Franklin / CC-BY-SA-3.0, CC BY-SA 3.0, Lien
- Rémiz penduline : Par Martin Mecnarowski (http://www.photomecan.eu/) — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, Lien
- Image à la Une : Genessa Panainte