5 anecdotes sur les oiseaux…issues des livres de Guilhem Lesaffre

Comprendre

Ornithologue de renom, Guilhem Lesaffre s’en est allé récemment. Il était un auteur prolifique, vulgarisant par l’intermédiaire de ses ouvrages ses connaissances naturalistes pointues, grâce à une plume à la fois rigoureuse et proche de son lecteur. Comme beaucoup d’amoureux des oiseaux, ses livres ont rapidement trouvé leur place sur les rayons de ma bibliothèque. J’ai lu, relu, fouillé, vérifié et tellement appris dans « Les oiseaux en 450 questions/réponses« . Je me suis émerveillée des histoires contées dans « Légendes d’Oiseaux » et dans « Histoires remarquables : les Oiseaux« . Je me suis laissée embarquer par le récit original de « Les oiseaux ont (beaucoup) de caractère« . J’avais même évoqué « Merveilleux Oiseaux » dans un article sur ce Bird-Blog.

Voici donc quelques anecdotes tirées de ces ouvrages, en espérant vous donner l’envie d’aller plus loin et de découvrir la formidable bibliographie de Guilhem Lesaffre.

Que font les oiseaux qui verrotent ou moucheronnent ?

Dans « Les oiseaux en 450 questions/réponses », Guilhem Lesaffre nous apprend que ces deux termes désignent, dans le vocabulaire naturaliste, deux façons qu’ont certains oiseaux de se nourrir. Ainsi, les limicoles qui recherchent leur nourriture en sondant la vase grâce à leur bec verrotent car ils y capturent des vers. Les étourneaux, les hirondelles ou les martinets « moucheronnent » lorsqu’ils parcourent le ciel en tout sens pour capturer des insectes volants tels que des fourmis ailés ou des moucherons (en réalité, il s’agit le plus souvent de Chironomes).

Le baguage des oiseaux, une pratique ancienne

C’est dans son ouvrage « Les oiseaux ont (beaucoup) de caractère » que Guilhem Lesaffre nous raconte les origines du baguage des oiseaux, cette technique qui permet d’identifier un individu et suivre les différentes étapes de son cycle de vie. Le baguage tel qu’on le connaît aujourd’hui consiste à poser une bague métallique sur la patte d’un oiseau. Selon le programme scientifique concerné, on peut également y associer des bagues de couleur, dont l’association détermine la carte d’identité de l’individu. On peut également poser une bague de couleur portant un code de lettres ou de chiffres (ou les deux), permettant d’identifier l’oiseau à distance, par une simple observation, et non en le capturant.

Équiper ainsi les oiseaux est une technique ancienne. Dès l’Antiquité, on essaya avec succès de marquer les oiseaux, pas tant pour connaître leurs déplacements et leur cycle de vie que par curiosité ou pour transmettre des messages. Au début du XIXème siècle, le célèbre ornithologue Audubon utilisa des fils ou des anneaux d’argent pour marquer de petits passereaux, des Moucherolles phébis. Ce n’est qu’à la fin de XIXème siècle que des procédés plus convaincants virent le jour, notamment grâce à Hans Christiant Mortensen, un instituteur danois qui équipa des étourneaux de bagues métalliques.

Pour en savoir plus sur le baguage des oiseaux, profitez de ces images réalisées au sein d’un camp de baguage sur la Réserve naturelle de Moëze-Oléron, en Charente-Maritime.

Un oiseau sait-il chanter d’emblée ?

Dans « Merveilleux oiseaux », Guilhem Lesaffre nous présente les oiseaux du jardin et en particulier leurs capacités vocales. Il interroge ainsi la question de l’inné et de l’acquis dans la large gamme de chants des oiseaux. Et il nous explique que chez les non-passereaux, le chant est inscrit dans le patrimoine génétique. Aussi, chez les oiseaux débutants, le chant peut être un peu hésitant mais il ne tarde pas à devenir plus assuré et efficace. Chez les passereaux en revanche, le chant est le fruit d’un apprentissage. S’ils disposent d’un chant « instinctif » qu’ils vont tester à mi-voix à plusieurs reprises au début de leur vie, les passereaux ont besoin d’une exposition au chant de leur espèce afin de façonner son propre chant. Sans cette influence, il peut s’inspirer du chant d’une autre espèce, ce qui va lui donner des tonalités inhabituelles.

Le Mégapode, un entrepreneur en travaux publics

Le Léipoa ocellé, un Mégapodidé endémique de l’Australie

Dans « Histoires remarquables : Les oiseaux », Guilhem Lesaffre nous présente des oiseaux aux comportements curieux ou aux physiques insolites. Parmi eux, les mégapodes qui, contrairement aux autres espèces d’oiseaux qui incubent leurs œufs grâce à une plaque incubatrice (zone de peau nue sur le ventre), se servent de source de chaleur existante ou qu’ils élaborent eux-mêmes afin de garder au chaud leurs œufs.

Ainsi, les mégapodes pondent leurs œufs dans des sortes de « nids » élaborés selon différentes stratégies. Selon les espèces, ils peuvent :

– édifier un tas de matériaux végétaux (branches mortes, tiges, écorces…)

– creuser des terriers dans un terrain réchauffé par la géothermie

– creuser des galeries dans du sable dans des zones bénéficiant d’un fort ensoleillement

– aménager des galeries dans des racines pourrissantes

– profiter d’un tas amassé par une autre espèce 

Dans ces constructions, la chaleur et l’humidité sont maintenus à des niveaux spécifiques aux besoins de chaque espèce.

Les comportements de certaines espèces de Mégapodidés sont parfois encore mal connues des scientifiques et il reste beaucoup d’éléments à observer et expliquer. On sait néanmoins que la chaleur produite au sein de ces édifices est le résultat de la respiration de micro-organismes qui se développent au sein de la matière végétale accumulée.

La taille des monticules peut parfois se révéler impressionnante. Ainsi, chez le talégalle de Latham, l’un des mégapodes les mieux étudiés, élabore un tas d’environ 1m de hauteur et de 3 à 4m de diamètre. En fonction de leur densité, l’ensemble des matériaux qui le composent pèsent en moyenne entre 2 et 4 tonnes, avec des records enregistrés à 7 tonnes !

Le vautour protecteur

Si le vautour a longtemps souffert et souffre encore d’une mauvaise réputation dans certaines cultures, avant qu’on en reconnaisse le rôle essentiel dans le bon fonctionnement et la santé d’un écosystème, ce n’était pas le cas dans l’Egypte ancienne. Dans « Légendes d’Oiseaux », Guilhem Lesaffre nous conte comme les vautours bénéficiaient à cette époque d’un rôle symbolique de premier ordre. Pour les Egyptiens, les vautours étaient d’essence divine. Plus précisément, c’est sous les traits d’un vautour qu’apparaît Nekhbet, déesse protectrice de la Haute-Égypte, du pharaon et de la royauté du Sud. Elle était également la protectrice des accouchements.

Sur ses représentations sur des fresques, comme celle  ci-dessous, on peut la voir associée à la déesse cobra Ouadjet, symbole de Basse-Égypte : les deux parties du pays étant ainsi réunies pour assurer la protection du roi.

Ptolémée VIII Évergète II (au centre) avec les déesses Ouadjet et Nekhbet, relief dans le temple d’Horus, Idfou, Égypte.

Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagram et LinkedIn

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