Aujourd’hui, c’est le dernier épisode de notre trilogie : on s’intéresse aux périodes de chants et au phénomène d’imitation.
Une histoire de timing
Nous l’avons vu dans nos deux précédents articles : le chant, émis via la syrinx, a pour fonction de séduire la femelle et de délimiter un territoire. Mais par quel mécanisme ce comportement est-il contrôlé ?
En réalité, il n’existe pas qu’un seul facteur externe de contrôle mais plusieurs, que l’on allons détailler.
- Les hormones
Le chant est contrôlé étroitement par le système nerveux de l’oiseau, au niveau d’une zone spécialisée du cerveau. Il est déclenché et entretenu par les hormones, notamment la testostérone. Or, chez les oiseaux, les gonades connaissent des modifications au cours de l’année : en hiver, elles sont peu actives et diminuent de volume. Au printemps, elles augmentent de taille. L’augmentation de la production d’hormones sexuelles va entraîner l’apparition d’un ensemble de comportements : recherche d’un territoire, parade et plumage nuptial et…chant.
Preuve que les hormones mâles jouent un rôle décisif dans le chant : un mâle castré ne chantera plus et une injection de testostérone à une femelle (qui ne chante généralement pas) provoque l’apparition d’un chant assez similaire à celui d’un mâle.
- La photopériode
La modification des gonades chez les oiseaux varie au cours de l’année car elle est étroitement associée à la photopériode, le rapport entre la durée du jour et de la nuit. Lorsque la durée du jour commence à s’allonger, le système endocrinien reprend une activité plus soutenue, entraînant l’augmentation de la tailles des gonades et donc de la production des hormones responsables du chant.
En été, lorsque la durée d’ensoleillement est à son maximum, l’organisme des oiseaux ne réagit plus d’un point de vue physiologique à cet éclairement maximal. Ils vont donc progressivement cesser tout comportement reproducteur dont le chant. On appelle ce phénomène le « switch-off ». Cette période correspond à l’éclosion et l’élevage des jeunes.
Si les oiseaux chantent majoritairement au printemps, certains, comme le Rouge-gorge, poursuivent cette activité en hiver : ils continuent ainsi de défendre leur territoire.
- L’environnement social
Le chant n’est pas qu’un comportement inné : il résulte également de facultés acquises auprès de ses parents puis d’autres congénères. Un oiseau privé de tout contact avec ses congénères ne pourra acquérir un chant lui assurant un succès reproductif satisfaisant. Certains oiseaux, comme l’Étourneau sansonnet, sont capables d’apprendre et d’enrichir leurs performances vocales au cours de leur vie. L’Étourneau est également un des rares oiseaux capables…d’imitation !
Doués d’imitations
Les oiseaux imitateurs sont capables d’intégrer de nouvelles syllabes ou d’en supprimer d’autres dans leur partition initiale de chant. Leurs performances vocales vont s’améliorer d’année en année au contact de leur environnement. Les oiseaux adultes ont ainsi plus de succès auprès des femelles que les p’tits jeunes ! Grande imitatrice, l’Hypolaïs ictérine est capable de reprendre à son compte le chant de près d’une centaine d’espèces. La Rousserolle verderolle est également connue pour déboussoler les ornithologues qui tentent de l’identifier.
Si l’on connait assez peu le rôle des imitations, certaines espèces se montrent particulièrement inventives, comme le Ménure superbe qui pousse le jeu jusqu’à imiter…les tronçonneuses des forestiers qui travaillent dans son habitat !
Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur Facebook, Twitter, Instagram, Pinterest et LinkedIn.
Sources et recommandations :
- Guide des chants d’oiseaux d’Europe occidentale, A.Bossus et F.Charron, Ed.Delachaux et niestlé
- Photo: James Barker
- Article: Le système de contrôle du chant des passériformes: un modèle d’étude de la plasticité neuronale.