Aujourd’hui, nous nous intéressons à la relation qui lie l’homme aux oiseaux, que ce soit par la domestication ou par la place que nous leur consacrons dans notre culture.
La domestication : l’oiseau comme outil
Entre 14.000 et 7.000 ans avt JC, l’histoire de l’homme connait un tournant majeur : de chasseur-cueilleur, il devient agriculteur-éleveur. Le chien semble être le premier animal à avoir été domestiqué, très probablement pour être une protection et une aide à la chasse. L’origine des premiers oiseaux domestiques, intéressants pour leur chair et leurs œufs, semblent remonter à 8.000 ans. Il s’agissait de poules, descendantes du coq bankiva ou coq doré, un galliforme vivant dans les forêts indiennes. La forme domestique s’est ensuite répandue dans le monde entier, par le biais de mouvements de populations et du commerce.
« Domestiquée, moi? Mais j’ai peur de personne, mon p’tit gars! Tu vas voir un peu! »
Descendants eux aussi d’espèces sauvages, oies, dindons et canards (dont les Romains ramassaient les œufs de couvées sauvages pour les faire couver par leurs poules) ont ensuite trouvé leur place dans les basses-cours de nos ancêtres.
Le pigeon fait partie des oiseaux domestiques les plus anciens. Le Pigeon biset est à l’origine de toutes les races actuelles de pigeons domestiques. Ils ne servaient pas seulement de nourriture, ils transportaient également des messages.
Autre espèce utilisée par l’humain, pour la pêche: le Cormoran. Les oiseaux sont tenus par de longs fils de soie et un système de ligature au niveau de la gorge pour les empêcher d’avaler le poisson pêché, qui est ensuite récupéré par le pêcheur. Cette pêche ancienne, appelée « ukai » au Japon, est toujours pratiquée mais de manière anecdotique. Elle est en effet devenue au fil du temps une attraction touristique.
Enfin, dernier exemple d’oiseaux utilisés par l’homme, sans toutefois qu’ils puissent être considérés comme « domestiqués » : les rapaces. La fauconnerie semble trouver son origine sur les hauts plateaux d’Asie centrale où elle est encore très pratiquée. Elle se développera par la suite dans le reste du monde par le biais du commerce.
La représentation des oiseaux dans la religion et la mythologie
Comme beaucoup d’autres animaux, les oiseaux sont largement présents dans cette part de la culture de l’homme. Des représentations d’oiseaux ont ainsi été trouvées, datant dès la préhistoire. Il est possible d’en observer aussi bien chez les Aborigènes d’Australie que chez les Indiens ou les Esquimaux. Les grands aigles ont inspiré des oiseaux fabuleux, comme le griffon. La légende du Phénix, très présente dans plusieurs cultures, viendrait pour les Grecs de l’oiseau Bénou, héron symbole de la manifestation des dieux Rê et Osiris.
La culture égyptienne est peut-être celle qui a fait la plus grande place aux oiseaux. Horus était ainsi représenté par un faucon ou un homme à tête de faucon. Parmi les oiseaux sacrés, l’ibis personnifiait Thot, le messager des dieux. Faucons et ibis étaient élevés dans des volières aux alentours des temples d’Horus et de Thot et, à leur mort, étaient momifiés ! De très nombreuses représentations d’oiseaux ont été retrouvées sur des tombeaux et des monuments. Ces représentations sont d’ailleurs à l’origine de beaucoup de hiéroglyphes. L’Egypte étant située sur une voie de migration entre l’Europe et les quartiers d’hivernage africains, la présence des oiseaux dans leur environnement proche était naturelle et importante, d’où leur place prépondérante dans cette culture.
La mythologique grecque ne fut pas en reste : l’aigle symbolisait ainsi la puissance de Zeus. Le même Zeus qui se cacha sous l’apparence d’un Cygne pour séduire Léda, épouse du roi de Sparte.
De même, des espèces portent un nom de genre directement inspirés de noms d’héros de mythes antiques. On vous invite ainsi à découvrir l’origine du genre Halcyon, qui regroupe les Martins-chasseurs.
Peinture, musique et littérature : les oiseaux dans l’art
Les oiseaux ont toujours fasciné les artistes : ils sont si présents que nous n’aborderons ici que quelques exemples d’œuvres dont ils sont les sujets.
1- Peintures
On l’a vu, les égyptiens ont intégré très tôt les oiseaux dans leurs fresques. Au Moyen-Âge, on note de nombreuses représentations, notamment dans les livres de psaumes. Aux XVe et XVIe siècles, chardonneret, paon, colombe et grue sont des sujets récurrents dans les compositions de peintures. Impossible de ne pas évoquer les estampes chinoises et japonaises, notamment les tableaux de Hokusai.
Deux grues sur un pin enneigé, Série des « Grandes estampes de fleurs et d’oiseaux », Hokusai Katsushika
N’oublions pas d’évoquer les illustrations ornithologiques : ainsi, les planches d’Audubon de son « Oiseaux d’Amérique » sont largement considérées comme des œuvres d’art.
2- Musique
La diversité des chants dans l’avifaune est telle qu’il est facile pour une oreille humaine de vouloir s’en inspirer! Ainsi, le coucou est présent dans les « Quatre saisons » de Vivaldi. Le chant du rossignol, l’un des chanteurs les plus inspirés parmi les passereaux, a inspiré Haendel et Ravel. Beethoven a repris le chant de la caille dans certaines parties de la « Sixième Symphonie ».
Les oiseaux n’ont pas inspiré les musiciens uniquement par leur chant ! Tchaïkovski, avec son « Lac des Cygnes » a ainsi rendu hommage à la beauté, à la prestance et à légende de la fidélité de cet oiseau.
« 1, 2, 3..Arabesque! Et on reste synchronisé avec son partenaire! »
3- La littérature
Les premiers écrits où l’on note la présence d’oiseaux sont des poèmes. Le phénomène de migration, qui a longtemps été mal connu, suscitait alors beaucoup d’interrogations et de questionnements. Les écrits associaient alors le retour du printemps avec le retour des hirondelles ou du coucou. Dans l’Antiquité, le rossignol était l’oiseau préféré des poètes. Il est présent chez Homère, Sophocle, Ovide puis, plus tard, Shakespeare dans Roméo et Juliette.
Une cohabitation malheureuse ?
Comme nous avons pu le voir dans notre article A la recherche de l’oiseau rare, bien qu’ayant admiré les oiseaux pendant des années, l’homme n’a pas toujours cohabité en paix avec eux. Il existe un bon nombre d’exemples d’espèces qui ont disparu (et disparaissent encore) du fait de la destruction des habitats, de la chasse intensive, du braconnage et de l’introduction d’espèces telles que le rat ou le chat.
Exemple malheureux et fort connu de ces extinctions provoquées par l’humain : le Dronte de Maurice, connu sur le nom de « Dodo », est une espèce endémique de l’île Maurice. Pesant environ 10 kg, il est apparenté à la famille des pigeons. Comme beaucoup d’oiseaux insulaires, il était incapable de voler. Cette caractéristique le perdit : il fut victime de la chasse effrénée des marins hollandais, de leurs chats et de leurs cochons qui se nourrissaient des œufs et des poussins. Découvert en 1598, l’espèce fut déclarée éteinte en 1662, soit…64 ans plus tard !
Autre exemple d’extinction provoquée par l’homme: le Grand Pingouin. Comme vous avez lu avec attention notre article Si ce n’est toi…Ces oiseaux que l’on confond !, vous savez que le Grand Pingouin était une des deux espèces de pingouins existantes.
Représentation d’un Grand Pingouin par John Gould, un autre artiste naturaliste prolifique.
Haut de 75 cm, pesant 5kgs, il s’agissait de l’oiseau le plus adapté à la vie aquatique de l’hémisphère Nord : ses ailes étaient adaptées pour la nage, il ne volait donc pas, contrairement au Pingouin torda. Là encore, ce caractère anatomique le perdra dans son combat face aux chasseurs…Comme ils devinrent de plus en plus rares, ils firent l’objet de toutes les attentions des collectionneurs. Et c’est ainsi que les deux derniers individus furent capturés en 1844 pour finir en spécimens empaillés.
Dernier exemple : le Pigeon migrateur ou Tourte voyageuse. Au début du XIXe siècle, cet oiseau nord-américain était considéré comme l’un des plus abondants au monde ! Pourtant, la chasse intensive finit par provoquer un déclin catastrophique de l’espèce. Malgré son classement en espèce protégée, la destruction de son habitat et les maladies finirent par avoir raison des effectifs restants. Le dernier spécimen, une femelle vivant en captivité au zoo de Cincinnati, est morte en 1914.
Ainsi, oscillant entre fascination et destruction, les relations entre l’homme et les oiseaux sont tumultueuses. Si les oiseaux sont très présents, de multiples façons et dans diverses cultures de part le monde, ils paient parfois un lourd tribu des impacts des activités humaines. Le braconnage d’espèces protégées, encore pratiquée en France et en Europe, ne peut que continuer à mettre à mal des populations d’oiseaux déjà fragiles.
Pour en savoir plus sur les problématiques « Oiseaux-humains », retrouvez les articles de la série « Focus sur… » (clic-clic sur les vignettes) :
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Sources et recommandations :
- Le Royaume des oiseaux, Zdenek Veselovsky, Ed. Gründ.
- Image à la Une : Bonnie Kittle