Cette semaine, on part à la rencontre de 5 oiseaux à observer à la montagne. Certains sont bien connus, d’autres peut-être un peu moins !
Le Vautour percnoptère
Dans la famille des vautours, j’aurais pu choisir de parler du Vautour fauve mais un article entier lui a déjà été consacré (Lire l’article sur le Vautour fauve). Dans les cieux d’altitude, la silhouette caractéristique du Vautour percnoptère n’est pas moins connue que celle de son célèbre cousin. Mais différence notable : le Vautour percnoptère n’adopte pas le même comportement social que le Vautour fauve, toujours entouré de nombreux congénères.
En France, la population de vautours percnoptères (environ 90 couples territoriaux en 2018) se répartit sur deux aires géographiques :
- Les Pyrénées occidentales. On y observe environ 75% des couples de la population.
- La région méditerranéenne, du département de l’Hérault aux Alpes de Haute-Provence.
Vous ne pourrez pas y observer le Percnoptère en toute saison : c’est un rapace migrateur. Les individus européens hivernent au sud du Sahara qu’ils atteignent en passant par le détroit de Gibraltar. La migration postnuptiale débute à la fin du mois d’août et se poursuit en septembre. La migration prénuptiale quant à elle dure de fin janvier à jusqu’au mois d’avril.
Ce rapace à la face si caractéristique, une tête jaune-orangée avec un bec à la pointe noire fortement recourbée, est, comme tous ses cousins vautours, un charognard. Son bec est plus fin que celui des vautours fauve et moine, il ne peut, comme eux, s’attaquer aux parties les plus dures d’un cadavre. Il va donc s’intéresser aux parties molles, telles que les viscères. Son régime alimentaire est également plus étendu : il peut capturer des proies vivantes s’il en a l’occasion, comme des reptiles, des amphibiens, des insectes ou des poissons. Autre particularité de cet oiseau : il est capable d’utiliser une pierre pour briser la coquille d’un œuf et en récupérer le contenu !
Vous pourrez observer le Vautour percnoptère dans les espaces ouverts (pâtures, prairies) dans lesquels il recherche sa nourriture. C’est un rapace rupestre, vous pourrez le repérer sur des promontoires et des enclaves rocheuses. De manière globale, vous le trouverez en suivant les parcours de bétail (ovins, caprins) ou sur les placettes d’alimentation mises à sa disposition.
Le Chocard à bec jaune
Impossible de faire une présentation d’oiseaux sans parler d’un Corvidé ! (Lire Une histoire d’Oiseaux: Corbeaux & Cie). Fréquemment confondu avec son cousin le Choucas des tours dont il partage l’étymologie de son nom, le Chocard à bec jaune est un petit corvidé au plumage noir, aux pattes et pieds rouges et, comme son nom l’indique, au bec jaune.
Les chocards sont des oiseaux très sociables. Ils se déplacent en grandes troupes pouvant compter plus d’une centaine d’individus. Il plane beaucoup en profitant des ascendances thermiques et son vol est riche en acrobaties.
Ce sont des oiseaux d’altitude, on les rencontre entre 1200 et 2880m. Ce critère permet d’ailleurs de le différencier de façon certaine avec le Choucas des tours qui ne dépasse pas 1000m d’altitude. Dans certaines régions du monde, ils s’adaptent parfaitement à des altitudes encore plus élevées. En France, vous les rencontrerez aussi bien dans les Alpes que dans les Pyrénées. On le trouve en Espagne, en Italie, dans les Balkans et dans les principaux massifs en Asie.
Insectes, invertébrés, baies et graines, œufs, charognes voire déchets, le Chocard à bec jaune est un oiseau omnivore qui exploite toutes les ressources que son milieu, contraignant, lui offre. Très curieux et parfois plutôt confiants, ils peuvent parfois suivre les randonneurs et peuvent quémander de la nourriture.
Le Tichodrome échelette
Une taille comparable à celle d’un moineau, des ailes arrondies dont les couvertures sont rouge-carmin et les rémiges ponctuées de blanc, un long bec fin légèrement recourbé…Le Tichodrome échelette est un oiseau étonnant à observer ! Il est le seul représentant de sa famille. Son nom latin, Tichodroma muraria, en dit long sur son mode de vie et sur l’habitat où vous pourrez l’observer.
En France, le Tichodrome échelette niche principalement dans les reliefs alpins et pyrénéens. De petites populations sont présentes dans le Jura et le Massif-Central. Il peut être présent de façon ponctuelle dans le Massif central.
Le Tichodrome est un montagnard qu’il faut chercher au niveau des gorges, des falaises et des parois escarpées entre 400 et 2500 m d’altitude. Avant la mauvaise saison, il entame une migration altitudinale : il ne part pas vers le sud comme bon nombre d’espèces mais gagne des altitudes moins élevées. Il jette alors son dévolu sur de vieux édifices ou des rochers dans les plaines. Grâce à son long bec, il y déloge petits insectes, araignées et invertébrés.
Pour l’observer, il vous faudra être attentif, si ses ailes ne sont pas déployées, il n’est pas toujours aisé de le repérer sur les roches et les façades des clochers ou des châteaux. Pour autant, il n’est pas particulièrement farouche et tolère assez bien la présence de l’homme dans son environnement. Cela vaut donc le coup de patienter pour l’observer !
Le Pic noir
Voici le plus grand représentant de la famille des pics en Europe (Lire l’article Une histoire d’Oiseaux: Les pics) : le Pic noir ! Entièrement noir à l’exception d’une calotte rouge qui s’étend jusqu’à la nuque chez le mâle, il peut atteindre une taille de 51cm.
On le croise dans toute l’Europe, en Sibérie et au nord de l’Asie jusqu’au Japon. Le Pic noir n’est pas particulièrement difficile quant à l’essence des arbres des massifs qu’il fréquente. Il lui faut de grands massifs de conifères ou de feuillus dont les arbres sont espacés.
Le Pic noir est un oiseau aux mœurs diurnes, vous pourrez repérer son tambourinage et ses cris puissants dans les massifs forestiers d’altitude mais aussi de plaine. Comme tous les pics, il présente des particularités anatomiques qui font de lui un grimpeur hors-pair : il est zygodactyle, les plumes de sa queue (rectrices) sont rigides afin qu’il puisse s’y appuyer et ses ongles recourbés lui permettent de s’accrocher dans l’écorce des troncs.
Le Pic noir est un oiseau au comportement solitaire en dehors de la période de reproduction ce qui le rend plus difficile à observer. Mais à partir de janvier, il commence à parader. Il est alors possible de le repérer grâce à son chant et surtout son tambourinage très particulier. C’est en effet le plus long chez la famille des pics, il dure jusqu’à 3,5s.
Le Cincle plongeur
Encore un oiseau fascinant à observer ! Le Cincle plongeur est un oiseau à la silhouette rondelette et à la queue courte. Le blanc de son menton, de sa gorge et de sa poitrine contraste nettement avec sa tête et son dos brun-roux. Mais plus que son plumage, c’est son comportement qui interpelle le regard.
Le Cincle plongeur s’observe principalement en montagne. En France, vous le verrez dans les Pyrénées, les Alpes, en Corse et peut-être dans le Massif central où une population relictuelle subsiste. Le Cincle plongeur fréquente sur les rives des cours d’eau rapides, dans des endroits rocailleux et escarpés. Comme le Tichodrome échelette, il redescend à des altitudes plus clémentes avant l’hiver.
Le Cincle plongeur trouve sa nourriture essentiellement dans l’eau : gros invertébrés, mollusques, petits poissons, crevettes. Sa technique de pêche est unique et c’est grâce à elle que vous repérerez facilement l’oiseau. Quand il aperçoit une proie, il glisse sous la surface de l’eau jusqu’à s’immerger complètement.
Au fond de l’eau, il s’accroche au substrat grâce à ses doigts puissants. Si le courant est fort, il peut utiliser ses ailes et sa queue pour se propulser ou résister.
Et pour mieux comprendre ce « vol aquatique », jetez un œil aux superbes images de cette vidéo de National Geographic !
Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur Facebook, Twitter, Instagram, Pinterest et LinkedIn.
Sources et recommandations :
- Image à la Une : Christophe Sigwald on Visualhunt / CC BY-NC-ND
- Vautour percnoptère : Agustín Povedano on Visual hunt / CC BY-NC-SA
- Chocard à bec jaune : Tristan Chalaye on Visualhunt / CC BY-NC-ND
- Tichodrome échelette : fveronesi1 on VisualHunt.com / CC BY-NC-SA
- Pic noir : andy_li on VisualHunt / CC BY-ND
- Cincle plongeur : Philippe Garcelon on VisualHunt.com / CC BY-NC-SA
- Sites web : rapaces.lpo.fr , oiseaux.net