Après la montagne la semaine dernière, on part cette fois-ci à la découverte de 5 oiseaux à observer à la campagne. Certains sont bien connus, d’autres peut-être un peu moins.
L’Alouette des champs
Puisque l’on va parler aujourd’hui aux oiseaux des champs, autant s’intéresser d’emblée à l’un des plus caractéristiques de ces milieux : l’Alouette des champs ! Cet oiseau de la famille des passereaux vit dans les campagnes ouvertes, les zones cultivées, les bocages et prairies rares, les steppes. On la rencontre également en lisières de forêts et à moyenne et haute altitude (jusqu’à 2500m !).
Pour la repérer, il vous faudra tout d’abord chercher au niveau du sol. Discrète, l’Alouette des champs passe énormément de temps par terre, seule, par couples ou en petits groupes. Elle se rassemble avec ses congénères en grandes bandes durant l’hiver. L’Alouette des champs fouille le sol en quête de nourriture, avançant au fur et à mesure de ses découvertes. Lors de la belle saison, elle se délecte d’insectes et de larves, de vers de terre mais aussi de graines et de semences. Il est évidemment possible de la repérer à son vol, à basse altitude lorsqu’elle survole les zones cultivées.
Vous pourrez également la repérer facilement lors des parades nuptiales, vers le mois d’avril. En effet, pour séduire la femelle, le mâle émet un chant complexe durant un vol caractéristique : il monte à la verticale en émettant des trilles continus puis se laisse retomber doucement puis, plus brusquement. Après une première ponte en avril-mai, dans un nid élaboré au sol, les couples peuvent se lancer dans une deuxième couvée, en juillet.
Comme beaucoup d’oiseaux des milieux agricoles, les populations d’alouettes des champs sont menacées par la dégradation de leur milieu de vie : modification des pratiques agricoles et modification des habitats. L’utilisation de pesticides a également des conséquences dramatiques sur cet oiseau insectivore. Selon les dernières études menées en 2018 sur les oiseaux des champs, un tiers des alouettes des champs a disparu en quinze ans. Enfin, dernier facteur qui contribue à fragiliser encore davantage ces populations d’oiseaux pourtant menacés, l’Alouette des champs fait partie des espèces chassables en France. (Lire l’article « 5 questions sur la chasse en France)
Le Busard cendré
Pas de liste d’oiseaux à observer sans mentionner un rapace ! Un article ayant précédemment traité du Faucon crécerelle (Lire l’article sur le Faucon crécerelle) et un autre de la Buse variable (Lire l’article sur la Buse variable), deux rapaces très connus de nos campagnes, intéressons-nous à un oiseau peut-être un peu moins observé : le Busard cendré.
Plus grand que le Faucon crécerelle mais plus petit que la Buse variable, le Busard cendré est le plus petit des trois espèces de busards d’Europe occidentale. Le mâle présente un plumage gris et des pointes noires au niveau des ailes. Contrairement à sa cousine la Buse variable, le Busard cendré a une silhouette fine, élégante et gracile.
Le Busard cendré est un rapace migrateur, il arrive dans nos contrées vers le mois d’avril et en repartira en août-septembre pour aller passer l’hiver en Afrique. Il se plaît dans les milieux ouverts : steppes, plaines, collines mais également marais & tourbières. La raréfaction de ces milieux les a obligés à s’adapter et à fréquenter de façon plus assidue les espaces cultivés. Ainsi, dans la majorité de nos régions, il s’installe dans les prairies pâturées ou fauchées ainsi que les champs de céréales et de colza.
Il joue dans ces milieux agricoles un rôle d’auxiliaire très utile pour les agriculteurs puisqu’il est spécialisé dans la capture de petits rongeurs (campagnols des champs) ainsi que de petits oiseaux. A l’occasion, il se délecte également d’insectes, de lézards voire de lapereaux !
Comme nous l’avons vu, leurs habitats naturels sont en très forte régression. Ils investissent donc des milieux cultivés où, comme l’Alouette des champs, ils construisent leur nid au sol. Or, les périodes de récoltes interviennent souvent avant l’envol des jeunes. Nombre de poussins et de jeunes oiseaux non volants sont tués par les moissonneuses. Le travail de protection des populations de Busard cendré passe donc par un important travail de sensibilisation et de concertation avec le monde agricole.
Le Bruant jaune
Et on continue notre présentation avec un beau passereau au plumage caractéristique : le Bruant jaune ! Cette espèce d’oiseau, cousine du Bruant ortolan (Lire l’article sur le Bruant ortolan) présente un dimorphisme sexuel net : le mâle en plumage nuptial se reconnaît par le jaune vif qui domine l’ensemble de son corps. La femelle adulte se reconnaît par son plumage plus discret et plus terne.
Vous pourrez le rechercher dans les campagnes cultivées si elles comportent des haies, des broussailles et des bosquets. On peut observer le Bruant jaune jusque dans des milieux ouverts et semi-ouverts de moyenne montagne (entre 600 et 900m d’altitude). Les buissons sont indispensables car, contrairement aux deux espèces précédentes, c’est là qu’il y construit son nid. Ce nid, volumineux, est construit par la femelle tandis que le mâle se charge principalement de la défense du territoire.
S’il reste en couple durant la saison de reproduction, il devient grégaire le reste de l’année. Il forme de petits groupes qui se rassemblent dans les champs à la recherche de nourriture. Avec son bec court, il consomme majoritairement des graines, en particulier les graines de céréales tombées au sol après la récolte. Comme beaucoup d’oiseaux granivores, son régime alimentaire se modifie quelque peu en période de reproduction. Leur régime s’enrichit en effet en protéines (insectes, vers de terre) pour nourrir les jeunes qui ont besoin d’une alimentation plus riche.
Le Bruant jaune est un migrateur partiel : des oiseaux d’Europe centrale viennent hiverner en France quand « nos » oiseaux sont plus sédentaires, hormis quelques mouvements locaux. Tout comme l’Alouette des champs, les modifications de leur milieu de vie sont très préjudiciables au Bruant jaune. Le suivi Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC) montre un déclin net de cette espèce : -45% sur les 10 dernières années, -59% sur les 30 dernières années.
Le Moineau friquet
Si l’on identifie très bien le Moineau domestique (Lire l’article sur le Moineau domestique), beaucoup d’entre nous ne connaissent pas ou peu son « cousin des champs » : le Moineau friquet. Contrairement au Moineau domestique, le Moineau friquet ne présente pas de dimorphisme sexuel. A peine plus petit que son cousin, il s’en distingue notamment par une petite tache noire bien visible sous l’œil.
Comme son cousin, il est grégaire et ce, en toutes saisons. Il est cependant un peu moins proche de l’humain car il ne fréquente pas les villes et les bourgs. Le Moineau friquet préfère s’installer au niveau de fermes, de hameaux et de petits villages dont les maisons ont de grands jardins, des vieux vergers, des haies et des vieux arbres. Il peut fréquenter la moyenne montagne (jusqu’à 1200m d’altitude).
Son régime alimentaire est plutôt similaire à celui du Moineau domestique : graines en toutes saisons et une petite part de proies animales pour l’alimentation des jeunes.
Pour les mêmes raisons que les oiseaux présentés au-dessus, les populations du Moineau friquet connaissent un déclin net. Avec une trajectoire encore plus brutale que son cousin des villes : une chute de 80 à 95% entre 1970 et 2000.
Le Vanneau huppé
Et pour finir cette petite présentation d’oiseaux des champs, on s’intéresse à un oiseau aisément reconnaissable : le Vanneau huppé. Sa longue huppe noire, retroussée à l’arrière du crâne, se repère plutôt bien. Autre critère distinctif, notamment en vol : le contraste entre le dessous d’un blanc net et le plumage du dos vert sombre. Vous pouvez également l’identifier par ses ailes larges et arrondies.
Le Vanneau huppé aime les terrains découverts : marais, landes, cultures, prairies, bords d’étangs…où il déniche les coléoptères & autres insectes ainsi que les araignées & autres invertébrés dont il se nourrit. On peut également le rencontrer en altitude (jusqu’à plus de 1600m !). Nicheur en France, il n’élabore pas de nid complexe, loin de là : une simple cavité à même le sol suffit ! Si les parents se montrent agressifs envers tout intrus approchant le nid, ils ne peuvent faire grand-chose contre les machines agricoles…
Vous pourrez le repérer plus facilement à partir de l’automne car il se rassemble avec ses congénères, formant d’immenses troupes pour passer la mauvaise saison.
Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur Facebook, Twitter, Instagram, Pinterest et LinkedIn.
Sources et recommandations :
- Image à la Une & Alouette des champs : gilgit2 on Visualhunt.com / CC BY-SA
- Busard cendré : don_macauley on VisualHunt.com / CC BY-SA
- Bruant jaune : The Wasp Factory on VisualHunt / CC BY-NC-SA
- Moineau friquet : Photo on Visualhunt
- Vanneau huppé : Philippe Garcelon on VisualHunt.com / CC BY-NC-SA
- Sites web : rapaces.lpo.fr/busards, oiseaux.net